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Intervention de Chantal Berthelot

Réunion du 13 mai 2008 à 9h30
Questions orales sans débat — Moyens de l'enseignement en guyane

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChantal Berthelot :

Permettez-moi, d'abord, monsieur le président, de saluer les belles petites têtes qui nous regardent du haut des tribunes, puisque c'est un sujet qui les touche, au-delà de la Guyane.

Madame la secrétaire d'État chargée du commerce extérieur, la prochaine rentrée scolaire en Guyane sera marquée, comme partout ailleurs, par la politique annoncée de restriction budgétaire, de suppression de postes d'enseignants et d'augmentation du nombre d'heures supplémentaires. Au moins une trentaine de postes manqueront au premier et au second degré dans des disciplines aussi fondamentales que les mathématiques, les lettres modernes et les langues vivantes. Cela se traduira inéluctablement par des classes et des options en moins, l'amplification des sureffectifs d'élèves dans les classes, la détérioration du rapport entre heures d'enseignement et nombre d'élèves calculé en fonction des heures réellement allouées aux établissements du secondaire, l'impossibilité d'un suivi individualisé et l'absence de prise en compte des besoins pour assurer un enseignement de qualité.

Cette perspective inquiète et mobilise d'autant plus fortement les enseignants et les parents d'élèves en Guyane que la situation scolaire est particulièrement difficile, notamment dans les bassins des fleuves, Maroni et Oyapock, et de l'Ouest, en raison des particularités de mon département.

La structure socioculturelle et linguistique de notre population scolaire nécessite des réponses adaptées. Un grand pourcentage d'enfants ne sont pas francophones. La forte croissance démographique entraîne la scolarisation de près de 1 800 élèves supplémentaires par an, ce qui suppose la création d'au moins 100 postes d'enseignants annuellement. Deux tiers des élèves sont issus de milieux défavorisés. Dans le bassin de l'Ouest, ils sont 80 % et, dans celui des fleuves, 89 %. Près de 20 % des enfants de sixième ont deux ans de retard. La part de la population de quinze ans et plus sans diplôme est deux fois et demie plus élevée que dans l'hexagone. Le taux d'accès au baccalauréat est de 30 % inférieur à la moyenne nationale.

Cette situation est d'autant plus inacceptable que, pour faire face à la démographie scolaire, les collectivités locales, de leur côté, réalisent un effort soutenu de construction d'établissements en dépit de grosses contraintes financières.

Dès demain, enseignants, parents d'élèves et lycéens se mobiliseront pour revendiquer leur droit à une école qui garantisse réellement l'égalité des chances et à un enseignement de qualité pour tous. À cette fin, ils demandent un nombre de postes d'enseignants, notamment de professeurs titulaires, en adéquation avec les besoins, la formation des enseignants contractuels, la non-augmentation des effectifs par classe, la diversification des options au bac et la rénovation des filières. Ils refusent les heures supplémentaires annualisées qui, mises bout à bout, pourraient donner lieu à des créations de postes.

Nous attendons des réponses concrètes à ces demandes légitimes. Nous souhaitons par ailleurs un accompagnement financier de l'État pour les constructions scolaires et les premiers équipements des établissements.

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