Ma question s'adressait expressément à Mme la secrétaire d'État chargée de l'écologie, mais je salue M. Bernard Laporte, secrétaire d'État chargé des sports.
Ainsi que je l'avais déjà fait le 2 octobre dernier, je souhaite appeler de nouveau l'attention du Gouvernement sur le projet de terminal méthanier au Verdon-sur-Mer, présenté par la société néerlandaise 4Gas. Comme vous le savez, la Commission nationale du débat public avait été saisie de ce projet dès le 8 mars 2007, et une commission particulière avait été mise en place. Celle-ci a rendu ses conclusions le 13 février dernier, en sous-estimant de manière particulièrement choquante les positions des élus, des associations et de la population de la rive droite de l'estuaire de la Gironde, c'est-à-dire en Charente-Maritime, qui sont totalement opposés à ce projet.
En effet, il constitue un double non-sens. Un non-sens économique d'abord, car la France se trouve déjà en situation de surcapacité de stockage de gaz naturel liquéfié avec les installations existantes de Fos-sur-Mer, de Montoir-de-Bretagne – où le nombre de cuves peut être doublé –, et celles qui sont en projet à Dunkerque – apparemment sans soulever de difficulté. Le projet en Gironde ne présente donc aucun intérêt national majeur. De plus, l'installation de ce terminal méthanier nuirait gravement au développement durable de notre économie touristique, qui est de loin le premier gisement d'emplois et la principale source de richesses du pays royannais.
Le projet constitue aussi non-sens écologique, tant les conséquences seraient négatives pour l'environnement et la biodiversité. À son tour, la Commission nationale du débat public a dressé, le 18 avril, son bilan sur ce projet. Elle met mieux en lumière les très vives oppositions suscitées par cette éventuelle installation classée Seveso 2.
En outre, la contestation s'amplifie sur la rive gauche. À titre d'exemple, je me permets de signaler que le nouveau maire du Verdon, commune qui pourrait être la plus intéressée par les retombées de ce projet en termes de fiscalité et d'emplois, a organisé, le dimanche 13 avril 2008, un référendum local. Celui-ci s'est traduit par une majorité massive de 68 % de « non ».
À l'heure où les conclusions du Grenelle de l'environnement doivent trouver leur première traduction législative, il serait incompréhensible que la vocation environnementale de l'estuaire de la Gironde, dernier grand estuaire naturel d'Europe, soit remise en cause. La secrétaire d'État à l'écologie a d'ailleurs pu s'en rendre compte elle-même puisque, le 21 septembre 2007, elle est venue en Gironde pour une visite sur le thème de la biodiversité. À cette occasion, Mme Kosciusko-Morizet a participé au premier lâcher d'esturgeons nés en captivité, dans le cadre d'un programme européen de restauration.
Tout me semble donc devoir être fait pour préserver cette richesse naturelle et développer dans cet estuaire un tourisme durable, ce que l'on appelle l'éco-tourisme, plutôt que de le transformer en un « Fos-sur-Gironde », ce qui mettrait très gravement à mal notre et – je me permets de l'ajouter – votre crédibilité environnementale. C'est dans cet esprit que j'ai proposé, depuis plusieurs mois, la création d'une aire marine protégée, notamment lors de ma question orale du 2 octobre dernier. La secrétaire d'État avait eu l'amabilité de lui témoigner un intérêt bienveillant dans sa réponse.
Au regard de tous ces éléments, je vous serais reconnaissant, monsieur le secrétaire d'État, de m'apporter deux précisions. Premièrement, dans quel délai le Gouvernement entend-il se prononcer sur ce funeste projet de terminal méthanier ? Il fait en effet peser une terrible menace sur le développement économique et touristique du pays royannais. Celui-ci ne pourra supporter trop longtemps cette épée de Damoclès. La colère des populations et des professionnels enfle de jour en jour ; les agents immobiliers l'exprimaient encore ce matin dans le quotidien régional Sud Ouest. Deuxièmement, compte tenu de l'intérêt majeur de l'estuaire de la Gironde, du point de vue naturel et pour la biodiversité, l'Agence des aires marines protégées vient de vous transmettre une première étude, après des contacts avec les différents acteurs concernés, pour évoquer la création d'une telle zone, au nord de l'estuaire et dans les Pertuis charentais. Je vous serais donc reconnaissant de me préciser dans quel délai le Gouvernement entend prendre un arrêté ministériel pour la mise en place d'une mission de préfiguration d'une telle aire marine protégée qui s'inscrirait dans le programme des douze que s'est engagé à créer notre pays d'ici 2012.