J'ai un peu hésité à intervenir sur l'article car j'aurai l'occasion de prendre la parole pour défendre mes amendements. Si je me suis finalement décidé à le faire, c'est que ce que j'entends depuis un moment me paraît très idéologique – mais au sens péjoratif du terme, car l'idéologie, tout le monde en fait. En la matière, c'est avant tout un point de vue sur le monde, la réalité sociale, économique, écologique, et sur l'avenir de la France et de l'Europe.
Comme nous l'avons vu hier lors du débat sur la crise financière et en ce moment même, la plupart d'entre nous semblent considérer comme inéluctable de voir le volume de transport de marchandises et de passagers s'accroître sans cesse, sur les plans urbains et interurbains. Pour ma part, je n'y crois pas – et pas pour des raisons idéologiques. Il y a quatre ans et demi, au printemps 2004, nous discutions de la loi d'orientation sur l'énergie. J'ai parlé pendant des heures pour expliquer qu'il y aurait peut-être une raréfaction des ressources et un renchérissement du coût de l'énergie en général et du pétrole en particulier, puisqu'il s'agit, et de loin, de la source d'énergie la plus utilisée : pour les transports, le pétrole représente plus de 95 % de l'énergie de base. Ce n'est pas le gaz, ni le charbon, ni l'électricité, mais le pétrole ! L'échelle de temps utilisée lorsqu'on construit une infrastructure ou que l'on met en place un nouveau mode de transport est d'au moins vingt ans, quand ce n'est pas trente ans ou cinquante ans. On ne construit pas une autoroute, un aéroport, un canal Rhin-Rhône – heureusement, celui-ci ne sera pas construit –…