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Intervention de Michel Françaix

Réunion du 4 décembre 2008 à 15h00
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article 9

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Françaix :

Nous avons vécu un grand moment de retour en arrière… Chacun a compris à quel point le geste du Président de la République était anachronique, contraire au sens de l'histoire : rien de tel n'existait depuis l'éclatement de l'ORTF. Maintenant, on va encore plus loin : non content de nommer, voilà qu'il se fait donner le droit de révoquer !

Cela rappelle la lettre de cachet : le Président de la République décide, selon son bon vouloir, à quel moment l'homme ou la femme qu'il aura choisi ne correspond plus à sa volonté. M. Patrick Bloche l'a très bien expliqué : France Télévisions sera soumise aux humeurs du prince – et Dieu sait que notre prince a des humeurs ! Car je ne sache pas qu'il ait été élu pour imaginer les programmes ou pour choisir les journalistes. On peut déjà imaginer les pressions qui s'exerceront sur le président de France Télévisions ! « Il vaudrait mieux qu'un tel soit nommé… » « C'est quelqu'un de qualité… » Refuser de les entendre, une fois, passe encore ; deux fois, ce sera s'exposer à des problèmes majeurs.

Il y a plus grave encore : au-delà même de la personnalité des hommes et des femmes installés par le Président de la République, ce qui est en cause, c'est la capacité du président de France Télévisions à mener sa propre politique, à ouvrir des perspectives, à penser un avenir positif pour le service public. Là encore, on viendra lui expliquer que s'il veut un peu de financement, il vaudrait mieux que telle émission diffusée à tel moment traite de tel sujet, ou que les producteurs mettent l'accent sur tel ou tel point. C'est inimaginable, au point que même le CSA, dans un petit tremblement, a osé suggérer que la révocation soit réservée aux seuls cas de manquements graves !

Mais, dans l'esprit du Président de la République, qu'est-ce qu'est un manquement grave ? Est-ce un maquillage qui ne dure pas le temps nécessaire ? Est-ce lorsqu'un technicien du service public oublie de serrer la main au Président de la République ? Est-ce lorsqu'un gréviste brandit une banderole devant France Télévisions ?

Le Président de la République fera alors convoquer le président de France Télévisions, non pas même par madame la ministre de la culture – qui s'y refuserait sûrement – mais par un chargé de mission idoine, pour l'informer qu'il ne s'est pas conduit comme on l'aurait voulu : il ne faudrait pas, ajoutera-t-on, que cela se reproduise ; sinon, ce sera la révocation.

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