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Intervention de Jean-Marc Ayrault

Réunion du 22 septembre 2008 à 15h00
Débat et vote sur l'autorisation de la prolongation de l'intervention des forces armées en afghanistan

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Ayrault :

C'est la condition de ce que l'on appelle « l'Afghanisation » : construire un état afghan, une armée afghane, une communauté afghane à qui l'on donne les moyens de son développement et de sa stabilisation.

De l'aveu même du conseil de sécurité de l'ONU, nous en sommes très loin. L'armée afghane est faible et n'est pas représentative de la diversité du pays. La corruption et le trafic d'opium ont explosé. L'aide à la reconstruction, décidée à la conférence de Paris, est dispersée et arrive mal à la population. À cet égard, je regrette que la France ne donne pas l'exemple tant sa dotation financière est faible, inférieure même à celle des Pays-Bas.

On ne peut pas continuer ainsi. Il faut tout remettre en ordre, établir une planification, assurer un suivi drastique, que les militaires et les fonctionnaires afghans soient payés, que les structures éducatives et sanitaires se développent. On peut même réfléchir à favoriser les paysans afghans plutôt que les trafiquants en trouvant un débouché légal à la culture de l'opium, pour la fabrication de médicaments par exemple.

Tout doit être fait pour isoler les talibans et Al-Qaïda. Tout doit être conçu pour les séparer. Les insurgés qui combattent la coalition ne sont pas tous des fanatiques. C'est aussi une coalition hétéroclite de fondamentalistes, de nationalistes, de chefs de tribu. Comme l'ont proposé les Britanniques, il ne faut plus hésiter à ouvrir un dialogue politique avec une partie d'entre eux. Le régime du président Karzaï a besoin d'une base politique et ethnique beaucoup plus large qui permette de détacher le gros des troupes pachtounes d'Al-Qaïda. Là doit résider notre objectif central : assécher la base du terrorisme et éviter qu'il contamine d'autres pays.

En effet – et c'est le dernier terme de mon propos – il n'y aura pas de stabilisation de l'Afghanistan sans une clarification avec le Pakistan. On ne peut plus accepter que l'allié principal des États-Unis dans cette région continue d'équiper et d'armer ceux qui combattent les troupes alliées en Afghanistan. Je sais les efforts qu'ont consentis les autorités pakistanaises pour y remédier ; je connais les difficultés intérieures auxquelles elles ont à faire face – l'attentat d'hier nous le rappelle cruellement. Il faut les aider, non en s'arrogeant unilatéralement un droit de suite sur leur territoire, mais en leur proposant la mise en place d'un système de sécurité régionale qui intègre tous ses voisins et qui s'atèle à un règlement global des conflits de la région. Je pense à l'Afghanistan bien sûr, mais aussi au Cachemire. Une conférence régionale sous l'égide de l'ONU pourrait amorcer le processus.

Vous m'avez demandé, monsieur le Premier ministre, quelles étaient nos propositions. Voilà notre approche : un plan en six points pour construire les bases d'un règlement durable en Afghanistan.

Un directoire politique et militaire avec une redéfinition de la stratégie.

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