Depuis, celui-ci pousse le masochisme jusqu'à aller expliquer à la radio, comme il l'a fait ce matin sur RTL, que jamais l'indépendance n'a été aussi bien garantie que depuis qu'il a été exécuté. On n'avait jamais vu la victime d'un coup de poignard dans le dos témoigner une telle reconnaissance à l'égard de son assassin !
En juillet, lors du Congrès de Versailles, a été introduit le principe de cette nomination dans la Constitution, alors que l'on aurait pu voter – vous en conviendrez, madame la ministre – la pérennité du service public et la garantie pour tous d'accéder aux médias. Le résultat est qu'aujourd'hui, on nous fait voter aux forceps la loi organique instituant le nouveau majordome audiovisuel du Président. Nicolas Sarkozy structure son pouvoir selon le modèle monarchique. En faisant inscrire simultanément ces deux projets de loi, il révèle le double sens de son projet, pour ne pas dire la double peine subie par la télévision et les téléspectateurs.
Avec le projet de loi sur la réforme du financement de la télévision publique, nous assistons à la montée en puissance de l'affairisme ; avec la discussion sur cet article unique, nous voyons le triomphe de l'étatisme audiovisuel. En 2008, près de cinquante ans après le gaullisme, voilà que les deux mamelles de la télévision sont désormais l'étatisme et l'affairisme ! Il fallait sans doute que la question de la télévision soit importante aux yeux du Président, pour que cette loi dont l'urgence est contestée par ses amis – M. Balladur – et par ses alliés – le Nouveau Centre – soit traitée à ce rythme. Quelle urgence, au moment où la crise mondiale frappe de plein fouet notre pays, y avait-il à démanteler le service public de la télévision en le privant de ses ressources, alors que l'on renfloue par milliards des banquiers imprévoyants ?
Pour le Président, l'urgence consiste visiblement à remercier d'abord ceux qui l'ont fait roi, les Bouygues, Bolloré, Lagardère et compagnie, qui ont aidé à l'ascension du maire de Neuilly.