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Intervention de Noël Mamère

Réunion du 25 novembre 2008 à 21h30
Communication audiovisuelle et nouveau service public de la télévisionnomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

La presse et la classe politique ont commenté à loisir cette mesure, en la découplant des attaques contre le service public. Ils ont glosé sur l'éventuelle démission ou sur la révocation avant terme de M. Patrick de Carolis ; ils ont parié sur les personnalités éventuellement appelées à le remplacer. Le piège s'est refermé. Il fallait empêcher le débat sur l'enjeu que constitue le bradage – si ce n'est l'existence même – du service public, et affaiblir la mobilisation de ceux qui s'opposent à ce pillage du bien commun.

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que nous assistons à un tel scénario. La classe politique tout entière fait grand cas de la télévision lorsque son temps de parole lui semble menacé, mais ne s'intéresse pas beaucoup à ce que regardent les téléspectateurs. Le quotidien de la télévision, c'est sa banalité, devenue le patrimoine et, souvent, le sens commun de millions de personnes. Il est bien plus facile de réduire les questions sociales et politiques que devrait poser la télévision à l'injuste décompte du temps de parole des partis politiques, du Gouvernement et du Président, que de s'attaquer à cette nouvelle dictature de l'esprit fondée sur l'uniformité et le mercantilisme. Comme le Président l'a compris, il est plus facile de faire passer la loi sur la télévision publique en l'assimilant à une simple querelle entre la gauche et la droite pour le contrôle de l'information que d'ouvrir un débat sur le fond : une grande démocratie peut-elle se passer d'une télévision soustraite à la domination de l'argent roi et de l'audimat ? Ou préférons nous livrer les Français à l'entreprise de décervelage symbolisée par la célèbre expression de Patrick Le Lay sur le « temps de cerveau disponible » ?

La seconde tromperie de cette loi organique tient au double hold-up réalisé sur la télévision publique, un vrai tour de passe-passe parlementaire qui prend prétexte du cinquième alinéa de l'article 13 de la Constitution obligeant le législateur à se mettre en conformité avec la procédure prévue par la loi fondamentale. La mesure a été annoncée en juin, au cours d'un cocktail qui présentait les conclusions de la commission Copé : c'est à cette occasion que le président du CSA a appris que son institution ne servait plus à rien !

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