J'ai le sentiment que ce débat, qui suscite tant de polémique, répond à une question posée il y a plusieurs années déjà. Ses termes sont loin d'être absurdes. Souvenez-vous : lors de la mise en place de la présidence commune de France Télévisions en 1990, le journal Libération a publié un entretien avec Catherine Tasca, à qui la question suivante était posée : « En confiant au CSA plutôt qu'au Gouvernement la tâche de désigner le président de chaînes dont l'État est unique actionnaire, n'avez-vous pas mis en place un système hybride qui ne satisfait personne, et n'aurait-il pas été préférable que l'État assume ses responsabilités ? » L'intéressée écarte cette interprétation, reconnaissant cependant qu'elle a peut-être manqué de courage. Elle poursuit ainsi : « Maintenant, il faut bien reconnaître que puisqu'il y a secteur privé fort, l'État actionnaire pourrait tout à fait légitimement, en France comme partout ailleurs, revendiquer d'être responsable non seulement de la définition des moyens, mais également du choix des dirigeants, alors qu'actuellement, c'est mon sentiment profond, nous vivons une sorte de partage des rôles fallacieux ».