Je ne suis pas le seul à faire ce lapsus ! Cela signifie bien que nombre d'entre nous ont la forte conviction que, au-delà de la publicité, c'est de la télévision publique dont il s'agit.
Qu'est-ce qui fonde ce discours anti-publicitaire du Président de la République ? Dans le domaine culturel, traditionnellement et notamment à gauche, la publicité et les actions commerciales sont considérées avec beaucoup de scrupules et même d'inquiétudes. Est-ce que le Président de la République et votre majorité relaient ce discours, voire cette démagogie anti-publicitaire qui consiste à considérer la publicité comme quelque chose de négatif, comme un poids pesant sur la liberté de création ?
Cette première version est véhiculée par le discours gouvernemental, de façon très étonnante : au nom d'un certain purisme, ce qui relève de l'action de l'État devrait être exempt de toute pression commerciale ; on laisserait aux chaînes privées le monopole de l'utilisation du commerce et de l'argent de la publicité.
Autre version, plus traditionnelle et plus raffinée dans la critique : le refus de la course à l'audimat. Ce discours, plus sophistiqué sur le plan culturel, revient à dire que le problème ne tient pas tant à la présence de la publicité sur les chaînes, qu'à l'audimat.
On préfère, dit-on, des produits culturellement plus aboutis, n'ayant pas vocation à prendre des parts de marché importantes et faisant fi de l'audimat. Ce discours a sa cohérence. Est-ce le vôtre, madame la ministre ? Si la majorité, en tout cas, se montre globalement hostile à la publicité, c'est que sa stratégie est commerciale et économique : elle vise à baisser l'audimat des chaînes publiques afin d'en dégager mécaniquement pour les chaînes privées. On comprend mieux, dès lors, le modèle économique qui vous inspire : la marginalisation du service public au profit du secteur privé.
Bref, ce n'est pas seulement d'un détournement de la manne publicitaire qu'il s'agit,…