En effet, cette proposition, nous l'avons vu, est une réponse politique à une pression économique, celle des grands groupes de distribution qui désirent élargir leurs plages d'ouverture afin de récupérer tout ou partie de la manne que représente le résultat du commerce de proximité.
On avance comme argument les ventes sur Internet. Cette proposition de loi en précède-t-elle une seconde, qui permettra d'ouvrir les commerces la nuit ? Internet est accessible la nuit, je m'attends donc à entendre cet argument dans quelque temps. (Approbations et sourires sur les bancs du groupe SRC.)
La qualité du service, la proximité, le lien social, toutes ces réalités se trouveront ainsi balayées par des politiques qui auront simplement cédé aux sirènes des lobbies de la grande distribution et des enseignes.
Et que dire encore de l'argument salarial ? Comme l'a souligné le président Pierre Méhaignerie, « faire croire que tous les salariés qui travailleront le dimanche seront payés double est une grosse bourde ». Merci, monsieur le président : ces propos sont si justes qu'il n'y a rien à ajouter.
Socialement, cette brèche que vous souhaitez ouvrir aura bien évidemment des conséquences profondes et tenaces.
Je pense d'abord aux salariés forcés de travailler le dimanche, avec toutes les conséquences que nous pouvons imaginer ; je pense aussi aux services, notamment aux services publics qui, lentement mais sûrement, subiront des pressions pour ouvrir eux aussi. En effet, si les grandes surfaces sont ouvertes, pourquoi les services publics ne le seraient-ils pas, surtout dans des zones touristiques ou thermales ? Et vous irez chercher des sondages où vous nous montrerez des Français qui demandent que leur bureau de poste soit ouvert le dimanche, car ils ont besoin d'acheter deux timbres !