Les statistiques qui nous sont fournies aujourd'hui sont particulièrement préoccupantes. Certes, le texte que nous examinons a été déposé avant que nous n'ayons connaissance des chiffres prévisionnels du chômage mais, depuis 1991, nous n'avons pas connu une telle augmentation en termes de prévisions. Nous aurons sans doute cette année 600 000 demandeurs d'emploi de plus. Pour ce qui est des catégories A, B et C, c'est-à-dire tous les chômeurs obligés d'engager des actes positifs pour la recherche d'un emploi parce qu'ils ne travaillaient pas le mois précédent, nous atteindrons l'année prochaine, si l'on en croit les prévisions, le chiffre de 4 363 000.
Pôle emploi peine déjà à atteindre les objectifs qui lui ont été assignés par le regroupement UNEDIC-ANPE. Nous l'avons entendu à maintes reprises en commission : dans certains départements, et en particulier dans la région parisienne, où il y a également des problèmes d'insécurité, qu'il s'agisse de la vie des lycées et des collèges ou tout simplement de la vie quotidienne, il est important de mettre tous les moyens là où ils sont nécessaires, c'est-à-dire dans la prise en charge des demandeurs d'emploi. Les conseillers gèrent déjà 120, 130 et jusqu'à 180 dossiers. On ne voit pas comment ils pourraient encore diversifier leur activité en intégrant les données nouvelles d'un texte qui est lui-même contestable.
On peut en effet le lire de deux façons. La façon positive consiste à l'interpréter de la manière suivante : il faut essayer de transformer les temps partiels en CDI ou en temps pleins. Dans ce sens, l'action de Pôle emploi serait positive. Mais il y a un effet pervers : si l'on demande à Pôle emploi de s'intéresser particulièrement au temps partiel, il peut arriver à en faire la promotion. Or ce n'est ni l'objectif de cette proposition de loi, ni celui de la création de Pôle emploi.
Certes, comme l'a dit Christian Eckert, ce n'est pas la disposition la plus inquiétante de cette proposition de loi. Mais, sincèrement, on ne voit pas très bien ce que viennent faire ici Pôle emploi et les maisons de l'emploi, organismes qui ont une vocation générale, non une vocation particulière par rapport aux groupements d'employeurs.