J'ai bien compris le message du président de la commission, que j'entends depuis longtemps et qui se fonde sur un juste souci de cohérence. J'ai également compris qu'il a défendu un amendement d'appel, pour nous inviter à réfléchir sur le rapport entre le salaire direct et les aides participatives, notamment dans le domaine du logement, de l'alimentation ou du transport.
Mais, si l'on y regarde à deux fois, faut-il renoncer à faire un petit pas au motif qu'il ne résoudra pas totalement une injustice ?
L'injustice existe, en effet : la situation en Île-de-France n'est pas la même qu'en province. Faut-il dès lors renoncer à cette prime sous prétexte qu'elle ne concerne pas l'ensemble des salariés ? Faudrait-il aussi renoncer aux logements sociaux ou aux tickets-restaurant parce qu'ils ne bénéficient pas à tous les citoyens ?
Ce petit pas est timide, mais il est nécessaire. La crise financière actuelle aura des conséquences économiques et sociales. Or, en période de crise, il faut accentuer l'action sociale plutôt que la freiner.
La sage position de M. Méhaignerie consiste surtout à nous alerter et à prévoir l'avenir, de sorte que nous réfléchissions ensemble afin de permettre aux salariés les plus modestes d'augmenter leurs moyens et, ainsi, de mieux affronter la crise mondiale.
Je propose donc un rejet « positif » de l'amendement de M. Méhaignerie, qu'il ne défend d'ailleurs pas avec acharnement puisque, dans sa finesse, son propos est plutôt de tracer des pistes pour l'avenir.