Ces amendements ont trait à la promotion des médicaments et à l'information médicale.
L'information médicale pose problème en France. Actuellement, seuls, les laboratoires occupent ce terrain et leurs actions de promotion tiennent lieu d'information médicale dans beaucoup de cas. Cela passe par la présence, souvent jugée pressante, voire harcelante, des visiteurs médicaux. Nombre de médecins en sont exaspérés. Lors de mon dernier passage chez mon médecin traitant, j'ai vu un petit écriteau fixant des règles aux visiteurs médicaux : rencontres regroupées sur une demi-journée par mois et consacrées à une seule présentation par médicament ; éviction ferme de tout visiteur médical se présentant en dehors de ces créneaux ou promouvant un nouveau médicament déjà évoqué.
Les enjeux sont énormes, les laboratoires ne s'y trompent pas. Ils dépensent des sommes importantes, bien plus qu'ailleurs, pour occuper ce terrain et vanter les mérites, parfois très contestables, de leurs nouvelles molécules. On ne compte plus les études annonçant que tel ou tel médicament est sans effet thérapeutique significatif, sinon nocif. Pourtant, ces médicaments continuent à être prescrits car il n'existe aucune contre-expertise neutre.
Nous avons ici une source d'économies potentielles. En effet, le trou de la sécurité sociale est creusé, pour partie, par la consommation excessive de médicaments. En France, nous sommes champions en matière de consommation de médicaments sans pour autant que notre état de santé soit meilleur que celui de nos voisins.
Mes deux amendements ont pour but d'ouvrir le débat, car il est indispensable que nous ayons une politique volontaire de contrôle strict de la consommation de produits remboursés sur fonds publics. La sécurité sociale et l'État paient : il est normal qu'ils aient leur mot à dire et puissent intervenir à toutes les étapes, pas seulement en aval par des déremboursements de médicaments dont on constate, après coup, l'inefficacité. Très vite, ils sont remplacés par d'autres tout aussi inefficaces, mais remboursés et faisant l'objet d'une intense promotion auprès des prescripteurs.
Madame la ministre, nous disposons des outils appropriés, notamment la Haute autorité de santé. Il faut lui fixer d'autres ambitions et lui donner des moyens. Le secteur du médicament a besoin d'une véritable régulation publique.