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Intervention de Dominique Orliac

Réunion du 24 octobre 2007 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2008 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Orliac :

Ce projet de loi est donc une remise en cause profonde du système de soins français. Le déconventionnement des médecins serait un pas supplémentaire vers un désinvestissement de l'État dans sa mission constitutionnelle d'égal accès aux soins. Le transfert de pans entiers de l'assurance maladie vers les assurances privées deviendrait alors inéluctable. Est-ce vraiment ce que souhaite le Gouvernement ?

Pourtant, 58 % des jeunes médecins sont prêts à s'installer dans des zones sous-médicalisées, à condition de bénéficier d'un véritable accompagnement. Il est donc urgent que les mesures incitatives récentes, qui datent de début 2007, soient enfin appliquées sans plus tarder – car elles n'ont pas été correctement mises en oeuvre – et qu'elles soient portées à la connaissance des étudiants pendant leurs études.

En effet, les jeunes médecins hésitent souvent de s'installer dans des zones déficitaires par peur de se retrouver isolés parce que, formés à une médecine hospitalière qui dispose de moyens très accessibles, ils ne sont pas préparés au cours de leur cursus à travailler en l'absence de réseau de soins. En outre, l'État ne remplit pas ses missions d'aménagement du territoire. Comment exiger que seuls les médecins aillent là où les services publics ont eux-mêmes démissionné, qu'il s'agisse des écoles, des crèches ou, surtout, des hôpitaux de proximité, qui offriraient des réseaux de soins suffisants pour leur permettre de mener à bien leur mission ?

Il est donc temps d'instaurer un véritable maillage de maisons de santé pluridisciplinaires, afin de faciliter le travail en réseau et la permanence des soins, et de réorganiser en amont l'orientation des étudiants vers les zones à faible densité médicale. Les mesures incitatives ne doivent pas être uniquement d'ordre financier ni, surtout, intervenir quelques mois avant l'installation. Les internes et les jeunes médecins, intelligents et responsables, savent bien quelles sont les mesures les plus appropriées. Aussi est-il presque indécent de leur proposer d'en discuter dans le cadre d'états généraux de la démographie médicale qui s'ouvriraient après l'adoption de ce PLFFS.

J'ajoute, madame la ministre, que la féminisation de la profession médicale est bien une réalité, mais il est probable qu'hommes et femmes auront la même activité professionnelle moyenne. Ils préféreront privilégier les conditions de travail et la qualité de vie plutôt que les revenus. Je sais pour en avoir longuement parlé avec eux que « travailler plus pour gagner plus » n'est pas leur priorité.

Il faut désormais mettre en place une politique cohérente, de long terme. Il y a urgence. Vous avez annoncé hier vingt années de très grandes difficultés, madame la ministre. Il est encore temps de freiner la chute de la démographie médicale si nous agissons vite. C'est une question de volonté politique. Quelles sont les vraies mesures que le Gouvernement compte prendre pour réorganiser le système de soins de manière pérenne ? (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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