Monsieur le ministre, hier, en réponse à une question d'actualité, vous m'avez fait l'honneur de me citer comme l'un des premiers à avoir réclamé la suppression de ce que j'appelais à l'époque le délit d'humanité. Le vice a en quelque sorte rendu hommage à la vertu, puisque, pour ce qui me concerne, je n'ai pas tourné ma veste et conserve la même attitude vis-à-vis de ceux qui considèrent l'étranger comme un indésirable.
Les critiques que j'adressais à la gauche en 1998, je les adresse aujourd'hui à votre Gouvernement, qui a décidé d'une politique sécuritaire et de contrôle social, au nom du culte du résultat.
Pour le constater, il suffit de demander aux travailleurs sociaux, aux psychiatres, aux éducateurs – à tous ceux qui aujourd'hui refusent d'appliquer un certain nombre de directives non écrites qui visent à les transformer en délateurs –, eux qui sont chargés de répondre aux questions des plus vulnérables et de venir en aide à ceux qui, dans notre société, rencontrent les plus grandes difficultés. Eh bien, ils ne veulent pas se transformer en délateurs ! En effet, monsieur le ministre, vous n'avez pas hésité à prononcer ce mot de « délation », et votre porte-parole obligé, monsieur Lefebvre, nous a même expliqué qu'il s'agissait d'un devoir national.