C'est une constante : les gouvernements de droite veulent à tout prix déroger aux heures supplémentaires. Depuis 2002, il a fallu, chaque année, que le Parlement adopte une loi pour indiquer aux entreprises qu'elles pouvaient sortir du cadre, a priori coercitif, des trente-cinq heures. En fait, on a constaté après le vote de chacune de ces lois que le quota d'heures supplémentaires autorisées n'était en réalité jamais atteint. L'objectif était simplement de permettre à quelques-uns de faire des heures supplémentaires et de freiner l'embauche pour d'autres.
Après avoir fait preuve d'obsession idéologique, vous vous mettez aujourd'hui dans une situation complètement farfelue, « abracadabrantesque » comme aurait dit l'autre ! En effet, l'État engage 4 milliards pour mettre en oeuvre ces heures supplémentaires. Auparavant, au moins elles coûtaient moins cher, mais là on met le paquet en les défiscalisant. On arrive donc à cette situation complètement absurde : après avoir supprimé les emplois aidés qui donnaient une certaine respiration aux quartiers les plus difficiles, vous permettez à des entreprises de mieux vivre avec certains de leurs salariés tout en continuant à licencier ou à demander l'octroi du chômage partiel, qui est en pleine explosion. C'est dire le paradoxe : d'un côté, un nombre très limité de personnes qui font des heures supplémentaires et, de l'autre, toute une flopée de gens pour lesquels on exige le chômage partiel avec la perte de pouvoir d'achat que cela implique. Et qui dit perte de pouvoir d'achat dit baisse de la demande et, d'une manière générale, de l'activité économique. C'est un cercle vicieux. Nous nous trouvons donc dans une situation aberrante. Nous sommes sans doute le seul pays où l'on promeut les heures supplémentaires par des mesures fiscales spécifiques alors qu'il faudrait plutôt partager le travail pour relancer la consommation, la demande et donc la mécanique.
Nos propositions sont toutes simples et en rupture totale avec ce que vous faites depuis 2002, car le « travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy est un fond idéologique qui habite la majorité actuelle depuis de très nombreuses années, même si le Président n'en parle plus guère aujourd'hui car cela en devient grotesque. Nous, nous pensons le contraire. Ces 90 000 emplois qui correspondent à peu près, depuis 2007, à la défiscalisation des heures supplémentaires, nous pensons qu'il valait mieux les créer plutôt que d'octroyer quelques heures supplémentaires ici ou là à certaines personnes.