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Intervention de Didier Mathus

Réunion du 3 décembre 2008 à 21h30
Nomination des présidents des sociétés de l'audiovisuel public — Article 7

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Mathus :

Nous avons déjà eu l'occasion, hier, de parler de l'audiovisuel extérieur de la France. Selon Patrice Martin-Lalande, il y aurait deux bonnes nouvelles. Pour ma part, j'en ai découvert une très mauvaise dans la presse aujourd'hui : le sénateur Kergueris explique, en effet, dans son rapport qu'il manque 25 millions d'euros au budget de l'audiovisuel extérieur français pour assurer le développement planifié et programmé de France 24 et de RFI.

Replaçons les choses dans leur contexte. Je rappellerai à nos collègues qui prennent les débats en cours que l'audiovisuel extérieur français est une tentative, ratée, pour essayer de regrouper les différentes composantes de l'AEF. L'UMP faisant appel à des « permanenciers », nous sommes obligés de répéter régulièrement nos arguments de façon à les informer des termes du débat ! L'AEF, chers collègues, est le regroupement de TV5Monde, de RFI et de France 24. Nous n'allons pas rappeler l'histoire de France 24, sa composition surprenante en 2006 avec la participation de TF1 au capital, à égalité avec France Télévisions, les mésaventures de RFI, parent pauvre de l'AEF, aujourd'hui négligée, méprisée, voire humiliée, et de TV5Monde que le conseiller Benamou – qui a failli aller à Rome – voulait annexer dans l'outil opérationnel de l'audiovisuel extérieur français. Mal lui en prit, car son faux pas a braqué nos partenaires francophones, québécois, belges et suisses. N'oublions jamais que leurs bras armés dans TV5Monde, sont non pas les gouvernements, mais les opérateurs nationaux, ce qui fait singulièrement défaut en France. Cette mésaventure s'est traduite par un affaiblissement de la France au sein de TV5Monde et par un échec du projet initial qui consistait à tout regrouper dans une holding intégralement contrôlée par l'État. TV5Monde n'est donc qu'un partenaire de la holding, celle-ci n'ayant d'autorité – si j'ose dire – que sur RFI et France 24. Nous connaissons les tenants et les aboutissants de cette équation. France 24 a vocation à s'adresser au monde. Or le Président de la République a, dans sa conférence du 8 janvier dernier, souhaité qu'elle s'exprime exclusivement en français ! Heureusement, quelques bons esprits, dont vous, madame la ministre, je n'en doute pas, lui ont rappelé que lorsqu'on avait vocation à s'adresser aux peuples du monde, il était pour le moins délicat de s'exprimer exclusivement en français sous-titré. Je me réjouis donc que le Gouvernement ait ramené le Président de la République à la raison, car il est prudent et plutôt efficace qu'une chaîne destinée à l'international ne soit pas uniquement diffusée en français ! Cela étant, les moyens du développement de cette chaîne ne sont pas assurés. RFI n'est pas une radio de sous-titrage ou de traduction ; c'est une radio de journalistes. Lorsque des journalistes de RFI font des émissions en russe, ce ne sont pas des émissions françaises traduites en russe ; ce sont des émissions réalisées par des journalistes imprégnés de culture russe. On pourrait dupliquer cet exemple dans toutes les parties du monde. Considérer que tout cela coûte trop cher et que l'on pourrait s'en passer serait une grave méprise. La vérité est que RFI constitue une des très grandes richesses de l'audiovisuel national.

Permettez-moi, pour conclure, de regretter l'échec de la tentative d'un regroupement rationnel des forces de l'audiovisuel français auquel aspirent Patrice Martin-Lalande et d'autres parlementaires. Cette tentative a été gâchée par la précipitation…

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