Le RSA devait s'inscrire – si l'on en croyait le Président de la République et Mme la ministre de l'économie –dans un contexte proche du plein emploi, où la maxime « travailler plus pour gagner plus » allait s'imposer à tous, et où l'on pourrait aller chercher la croissance avec les dents si jamais cela s'avérait nécessaire. Le contexte est aujourd'hui radicalement différent, du fait, concédons-le, de la crise financière mondiale, mais aussi du fait d'une politique économique et sociale d'inspiration libérale, qui déréglemente le droit du travail, qui encourage la flexibilité jusqu'à favoriser la précarité, qui pénalise les demandeurs d'emploi en instituant la notion d'« offre valable d'emploi », leur reconnaissant plus de devoirs que de droits, tout en restant particulièrement timide sur les obligations des employeurs. On comprend, dans ce contexte, que le Président de la République et son Gouvernement annoncent le RSA comme la mesure du siècle.
Cela revient – au mieux – à se donner bonne conscience, alors que dans le même temps vous détricotez tous les jours les protections sociales. Le RSA est bien en deçà des premières ambitions du président d'Emmaüs ; le principe en est acceptable, voire louable, mais la réalisation est aujourd'hui des plus hasardeuses. Vous vous en tenez au traitement du symptôme quand la politique du Gouvernement aggrave la maladie !
Je ne reviendrai pas sur le financement, déjà largement abordé ; il reste l'une de nos premières exigences, l'équité est ici une nécessité.
Mais le RSA sans l'emploi n'est rien qu'une bonne intention.