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Intervention de Michel Vaxès

Réunion du 17 juillet 2007 à 15h00
Lutte contre la récidive — Question préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Vaxès :

Pour ces raisons, plutôt que d'envisager une augmentation du recours à la détention pour lutter contre la récidive des adolescents, ne faudrait-il pas avoir le courage de prendre en compte la dure réalité vécue par des adolescents en rupture avec une société qui ne les a jamais épargnés ? Les études scientifiques menées ces dernières années, nul ne les conteste aujourd'hui, prouvent que les adolescents récidivistes ont été exclus de notre société avant même d'avoir commis leur premier délit.

Permettez-moi, là encore, de citer ces juges pour enfants : ils nous disent que : « nombre de ces seize - dix-huit ans récidivistes sont déscolarisés et sans activité. Du fait de la ségrégation liée au logement, ils habitent souvent les mêmes quartiers. Inactifs, découragés par des années d'échec scolaire, persuadés de leur inutilité, ils traînent au bas des immeubles, se livrent à des petits trafics, chapardent, se plaisent à provoquer les adultes, cherchent l'excitation dans les jeux violents, se mettent en scène en se filmant sur leurs portables. Souvent, ils sont eux-mêmes victimes de violences physiques ou sexuelles, et exposés plus que d'autres à la consommation d'alcool ou de drogue ».

Très sincèrement, mes chers collègues, madame la Garde des sceaux, pensez-vous qu'en sortant de prison, ces jeunes seront meilleurs qu'ils ne l'étaient en entrant ? Ne croyez-vous pas que la réponse est à chercher ailleurs que dans l'augmentation des peines de prison ? Pour ce qui me concerne, j'ai la conviction que jamais l'allongement du temps de détention de personnalités aussi déstructurées ne permettra d'empêcher la récidive. C'est pourquoi je refuse cette solution de facilité, car la prison en est une : elle demande un moindre investissement humain à la société et à nos institutions, et c'est bien là le problème !

Je reste profondément convaincu que nous ne lutterons efficacement contre la récidive que si nous décidons de nous en donner les véritables moyens. Ils sont lourds, mais ils sont les seuls réellement efficaces. Il en va de l'intérêt et de la protection de la société, il en va du droit des victimes, il en va de la sécurité de tous et de l'avenir des enfants de la République.

Investissons donc dans des programmes éducatifs, investissons dans des internats éducatifs, investissons dans les classes relais, investissons dans les centres de jour, investissons dans les maisons des adolescents, investissons dans le personnel éducatif et encadrant. Et puisque le temps scolaire ne suffit plus à l'éducation d'enfants issus des familles les plus fragiles ! Investissons pour l'élargissement du temps de prise en charge éducative hors du temps scolaire, investissons dans la protection judiciaire de la jeunesse, investissons enfin dans les moyens donnés aux juges des enfants, qui doivent aujourd'hui attendre plusieurs mois avant que leurs mesures éducatives soient exécutées. C'est en prévenant le premier passage à l'acte qu'on luttera le mieux contre la récidive.

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