Madame la ministre, la population de Mayotte sera en effet consultée dans quelques semaines sur un projet très attendu, mais longtemps différé, la départementalisation de son statut, demandée une nouvelle fois par le conseil général de Mayotte dans une résolution adoptée, le 18 avril 2008, à l'unanimité, comme vous l'avez souligné.
Ce sera le couronnement d'une relation établie dès 1841, monsieur Lecocq, par le petit peuple mahorais, qui se plaçait sous la protection de la France pour échapper aux « sultans batailleurs » comme l'a excellemment rappelé M. Lagarde, mais une relation longtemps distendue. Mayotte avait été oubliée par la France coloniale : peu ou pas de dispensaires, d'écoles, de routes, d'eau, d'électricité.
Et puis vinrent les années soixante-dix, où la population mahoraise, si attachante, exprima sa volonté de demeurer au sein de la République, contre, il faut bien le reconnaître, l'avis de la diplomatie française, contre ce que l'on appelait alors « le sens de l'histoire », c'est-à-dire l'indépendance, ses risques, ses convulsions. Ces hommes et ces femmes refusaient l'inéluctable et donnaient toute sa portée à la belle formule de Jean Paulhan : « La France est partout où l'on ne renonce pas. »