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Intervention de George Pau-Langevin

Réunion du 20 novembre 2008 à 15h00
Législation funéraire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeorge Pau-Langevin :

Il s'agit ensuite de renforcer la protection des familles, notamment par une meilleure transparence des prix grâce à des devis types et à l'encadrement des contrats obsèques. Ces derniers, en plein développement, constituent un secteur assez lucratif pour les compagnies d'assurances. Certains collègues ont exprimé des réserves et la commission des lois cherche une solution de consensus. Ce qui nous importe, c'est de protéger les familles, d'assurer la transparence, et nous sommes ouverts à une solution de compromis.

Le plus important est d'apporter une réponse adaptée au développement rapide de la crémation. Nous sommes convaincus que le législateur doit encadrer cette évolution sociétale en respectant l'aspiration à une forme de liberté qu'exprime ce choix, tout en s'assurant que le respect dû aux restes mortels est garanti ainsi que la possibilité pour tous les proches de conserver la mémoire du défunt, à un moment où la mobilité, la multiplication des familles recomposées peuvent créer des conflits très durs. Cela suppose la création de nouveaux espaces pour l'accueil des cendres et l'adoption d'un statut des cendres.

Il s'agit aussi de revoir la conception et la gestion des cimetières dont on a assez dit qu'ils étaient souvent d'une uniformité et d'une laideur propres à accroître l'abattement des familles. En tant que députée de la circonscription où se situe le Père-Lachaise, un des plus beaux lieux de mémoire de Paris, je n'ai pas ce souci, mais il me semble dommage que la commission n'ait pas été sensible à l'esthétique des cimetières.

Parmi les points importants du texte, je voudrais insister sur ce qui concerne la crémation, pratique qui se développe beaucoup. Jusqu'en 1963 de fortes réticences l'entouraient, en raison de sa condamnation par l'église catholique. Aujourd'hui, elle représente 35 % des funérailles. Il est donc normal de s'interroger sur le statut des cendres. Notre société n'a guère de repères à ce sujet, car, contrairement à d'autres pays européens, la pratique est pour nous récente. Il faut traiter les cendres avec la même dignité que les vivants ou les morts inhumés dans une sépulture. En effet, pour certains, choisir la crémation, c'est choisir la liberté.

Certains s'opposent à ce qu'on légifère sur le sort des cendres car, selon eux, cette liberté suppose que l'on puisse les garder à domicile. Mais il faut penser non seulement à la liberté du défunt, mais aussi à celle de tous les membres de la famille – par exemple les enfants de lits différents – et leur permettre de venir tous se recueillir devant l'urne. Aussi la destination des cendres doit-elle être un site public, cimetière ou jardin du souvenir – ou la dispersion, mais dans un lieu public, pour que chacun puisse participer au deuil. Il n'est pas non plus conseillé de conserver les cendres dans un lieu privé car alors, au fil du temps, se constituerait un cimetière privé, avec les implications psychologiques très lourdes que cela peut avoir, en particulier pour des jeunes.

Nous souhaitons garder la trace des défunts. Dans cet esprit, le texte prévoit que l'on inscrive dans un registre municipal l'identité de la personne, le lieu et la date de la dispersion des cendres. C'est important pour en conserver la mémoire. Un aspect secondaire est de savoir s'il faut faire cette inscription dans le registre du lieu de naissance, du lieu de décès ou du lieu d'incinération, ou procéder à des inscriptions multiples, comme pour les divorces.

Tout en étant très attachés à réaffirmer le caractère laïque du cimetière,…

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