Finalement, au fur et à mesure de son exposé, il nous confirme qu'il croit à un État fort, puissant, qui régulera tout cela. C'est que ce nous pressentions depuis le début mais que, depuis deux jours, il n'arrivait pas à dire. Aujourd'hui, il le dit avec brio, comme il sait le faire, en vous faisant vibrer.
Donc, l'État revient dans la formation professionnelle. L'État est le grand régulateur, celui qui règle toutes les anomalies, qui met de la justice partout, qui s'occupe de l'intérêt général – comme si les régions ne s'occupaient que des intérêts particuliers ! Les conseillers régionaux sont élus démocratiquement, ils ont le souci de l'intérêt général comme les maires, comme tous les élus en général. Il n'y a pas que l'État qui a le sens de l'intérêt général, tous les élus, à tous les niveaux de la République, l'ont également.
Les inégalités d'accès existent, c'est certain, et on peut trouver des différences entre les régions. Mais on peut aussi admettre que la décentralisation est un phénomène assez neuf et que la formation professionnelle qui est pleinement dévolue aux régions depuis 2004 monte en puissance.
Ne jugeons pas les régions, qui n'ont que quelques petites dizaines années d'existence – et moins encore s'agissant de la formation professionnelle – sur leur capacité ou non à être performantes et brillantes. Nous savons que l'État ne fera pas mieux. Ne rêvons pas d'un État centralisateur qui, demain, pourrait tout régler. On a l'impression que plus on remonte, plus on redevient centralisateur et plus les problèmes se règlent. Ce n'est pas le sens de l'histoire, Régis Juanico l'a dit à juste titre. Aujourd'hui, les lois de décentralisation de 1982 sont acceptées par tous. Si elles vous agacent, commencez par revenir dessus, au lieu de vouloir les casser sans les casser. Le problème est là : vous affirmez de rien vouloir casser, vous prétendez que les régions gardent tout leur pouvoir sur la formation professionnelle, mais, au bout du compte, c'est l'État qui décidera, parce que c'est lui le plus fort.
Voilà ce que vient de nous dire M. le secrétaire d'État, avec beaucoup de force. Qu'il veuille faire partager cette conviction à ses troupes, cela me paraît normal. Mais, nous, nous n'avons pas la même approche sur la formation professionnelle. Nous pensons que la proximité du terrain est un atout indiscutable pour régler ces problèmes au plus près des gens qui ont besoin de formation. C'est une discordance majeure que nous avons avec lui sur cet article 20.
Bien sûr, ce n'est pas l'essentiel, il y a des choses plus importantes, comme il l'a dit, mais si on ne règle pas le problème de la gouvernance, on a tous les risques que l'objectif final qu'il poursuit, et que l'on partage, ne soit pas atteint. Si, au départ, la gouvernance n'est pas bonne, vraisemblablement, les choses, derrière, se passeront mal.