Monsieur le ministre du travail, nous sommes effectivement prêts à dire la vérité sur cette question. (« Ça change ! sur les bancs du groupe UMP.) En repoussant l'âge limite de départ à la retraite à soixante-dix ans, vous prétendez lever les obstacles à la poursuite de l'activité des salariés les plus âgés, mais vous n'avouez pas qu'il s'agit d'une première étape. Cette mesure donnera plus de liberté aux Français, dites-vous. Mais de quelle liberté parlez vous ? Celle de choisir entre percevoir une retraite de misère ou s'épuiser à la tâche ? Faut-il vous rappeler qu'à soixante ans l'espérance de vie d'un ouvrier est de sept ans inférieure à celle d'un cadre ? (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et du groupe SRC.)
Non, monsieur le ministre, il n'y aura aucune liberté aussi longtemps que les pensions ne seront pas significativement revalorisées ! Votre rapporteur explique qu'il n'est plus acceptable qu'un salarié de soixante-cinq ans soit mis à la retraite ; il eût été mieux inspiré de dire qu'il n'est pas acceptable de retarder l'entrée sur le marché du travail des jeunes, dont le taux de chômage vient d'enregistrer une nouvelle hausse. (Mêmes mouvements.)
En réalité, vous multipliez les brèches dans l'édifice social issu de plus d'un siècle de conquêtes populaires, parce que votre projet de disposer de travailleurs taillables et corvéables à merci exige son effondrement. Voilà la vérité !