Avec Bernard Kouchner, nous avons justement lancé une mission visant à vérifier les conditions d'accueil des étudiants en France, autour de l'initiative CampusFrance, qui elle aussi a vu le jour en mars 2007. Il est donc un peu tôt pour en tirer un bilan. Il s'agit en tout cas d'aller dans tous les consulats faire la promotion de l'université française pour attirer chez nous des étudiants qui ne sont pas nécessairement originaires de pays francophones ou s'inscrivant dans une tradition de relations bilatérales avec la France. On doit trouver dans ce vivier d'étudiants étrangers des représentants des pays qui seront demain les moteurs de la croissance. C'est fondamental pour notre université, pour notre économie et pour notre jeunesse car, comme l'a souligné Mme Taubira, il est bon pour elle de se frotter aux jeunes du monde entier.
S'agissant de la réforme des études médicales, monsieur Gaymard, nous attendons les conclusions de trois groupes de travail, celui de l'Académie de médecine, celui de l'Académie des sciences et celui de l'Ordre des médecins. Ils doivent rendre leur contribution sur la question de l'évolution des études médicales, qui est essentielle puisque celles-ci ne peuvent être laissées de côté dans le cadre de l'harmonisation européenne des diplômes.
Jean-Pierre Giran, quant à lui, a appelé mon attention sur les risques de politisation, de marchandisation et de localisme dans l'université. Je dois à la vérité de lui répondre que ces risques existent déjà aujourd'hui. Je serai pour ma part particulièrement attentive au risque de balkanisation, laquelle se traduirait par un affaiblissement de l'université. Il faut absolument que les universités soient autonomes et puissantes dans la bataille mondiale de l'intelligence. Notre loi ne doit donc pas être uniquement fondée sur la défiance.
Claude Birraux a dit qu'il fallait un pilote dans l'avion. Je le rejoins tout à fait et c'est pour cela qu'il faut un président à l'université. À cet égard, certains amendements visant à revenir à la loi Savary sacralisent l'immobilisme, ce qu'il faut absolument éviter. M. Birraux a également insisté sur la nécessaire revalorisation des carrières. C'est en effet un chantier qu'il va falloir ouvrir. Il y a trente ans, un professeur d'université gagnait autant qu'un général ou un conseiller d'État, contre 20 % de moins aujourd'hui. La carrière de l'ensemble des personnels de l'université doit donc être réévaluée.
Monsieur Goldberg, vous avez parlé de présidentialisation. Je rappellerai que les contre-pouvoirs sont nombreux : le conseil d'administration, le conseil scientifique, le conseil des études et de la vie étudiante, et l'État, contre-pouvoir majeur au pouvoir du président, dans le cadre du contrat pluriannuel. Quant à votre crainte de localisme, je vous rappelle que 50 % des membres seront extérieurs à l'université, ce qui pose du reste un problème aux Antilles. Ils apporteront du sang neuf au recrutement parce qu'ils viendront d'ailleurs.
J'en viens à Jean-Pierre Door. Vous avez très bien résumé, monsieur le député, l'objectif de cette loi. C'est en effet un « outil stratégique » pour rénover les universités. Le docteur Door a identifié les symptômes, et notamment celui de la sclérose administrative. Il a souligné que ce texte n'était que le début de la thérapie et je suis tout à fait d'accord avec lui.
Valérie Rosso-Debord a fort justement établi un lien entre ce texte et la lutte contre l'échec universitaire. Ce projet de loi est précisément un outil destiné à lutter contre l'échec universitaire.
Monsieur Jung, vous avez, avec Yves Bur, appelé mon attention sur le regroupement et la fusion des universités de Strasbourg. C'est un projet essentiel pour la communauté nationale, car ce pôle universitaire sera sans précédent. C'est le pôle européen que nous appelons tous de nos voeux. Pour tenir compte des contraintes très particulières de cette fusion, qui aura lieu le 1er janvier 2009, qui a été avalisée par mon ministère et qui fait actuellement l'objet de l'élaboration d'un contrat pluriannuel, je serai favorable, cher Yves Bur, à un amendement reportant de six mois la désignation du conseil d'administration.