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Intervention de Valérie Pecresse

Réunion du 23 juillet 2007 à 21h45
Libertés et responsabilités des universités — Discussion générale

Valérie Pecresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche :

Monsieur Jardé, je dis oui à la spécificité des UFR médicales que l'on doit à la loi Debré, une spécificité consubstantielle à notre médecine, qui veut que les meilleurs médecins français enseignent, soignent et cherchent : ils sont à la fois PU – professeurs des universités – et PH – praticiens hospitaliers. Il convient évidemment de conserver cette spécificité qui se trouve à l'origine de la qualité de nos hôpitaux et de notre formation universitaire. Cela ne signifie pas, toutefois, qu'il faille affecter directement les emplois aux UFR de médecine. Le texte prévoit que tous les postes de praticiens hospitaliers professeurs des universités seront créés sur décision conjointe du ministre de la santé et du ministre de l'enseignement supérieur, chacun de ces postes étant affecté au CHU d'une part, à l'université d'autre part. Nous souhaitons en effet que les UFR de médecine s'inscrivent dans une grande stratégie de recherche et de formation globale de l'université. C'est tout l'objet du projet de loi : faire en sorte que les universités aient un projet global d'établissement, un projet pluridisciplinaire associant toutes les disciplines au sein du conseil d'administration. Il ne saurait être question de bunkériser les UFR de santé : pourquoi faire pour la médecine ce que l'on ne fera pas pour les autres UFR ? Les postes étant créés par les ministres, il est totalement exclu que l'on puisse transformer un poste de psychiatre en poste de sociologue, ou un poste de pédiatre en poste d'économiste. J'espère que ma réponse est de nature à vous rassurer, monsieur Jardé. En tout état de cause, j'aurai l'occasion de revenir sur cette question.

Françoise Guégot et Damien Meslot ont tous deux souligné avec beaucoup de justesse que cette réforme était d'abord faite pour les étudiants. Les étudiants seront effectivement les premiers bénéficiaires de la loi d'autonomie, à travers les dispositions sur l'orientation, la formation et l'insertion. Ils en seront également les premiers acteurs : je rappelle que le projet de loi prévoit la création d'un vice-président étudiant dans le cadre du conseil des études et de la vie étudiante. Les étudiants conservent au sein du conseil d'administration une proportion équivalente à celle actuellement en vigueur. Par ailleurs, il leur est proposé de bénéficier de contrats étudiants pour le tutorat ou pour des emplois en bibliothèque, ce qui leur permettra d'être actifs et de gagner leur vie au sein de l'université.

Monsieur Le Déaut, vous m'avez demandé comment on peut croire que les engagements de Nicolas Sarkozy seront tenus. Il vous suffit de regarder la session extraordinaire pour en avoir une idée ! (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche – Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Par ailleurs, vous indiquez que le CNESER ne m'a pas été favorable. Permettez-moi de vous rappeler qu'en 1999 le CNESER a voté contre le projet de loi sur l'innovation et la recherche présenté par Claude Allègre, et qu'il a également voté contre le processus de Bologne dans sa phase initiale, c'est-à-dire l'harmonisation européenne et la réforme LMD. C'est un fait, les forces hostiles au changement existent dans la société française, et elles s'expriment.

En ce qui concerne la perspective de l'autonomie pour les petites universités, j'ai plutôt tendance à penser que, contrairement à l'idée reçue, les petites universités seront sans doute les premières à s'approprier l'autonomie. D'une part, le passage à la gestion d'un budget global est beaucoup plus facile pour une université qui ne compte que quelques centaines d'enseignants et quelques milliers d'étudiants. D'autre part, leur structure relativement simple, par rapport aux établissements composés d'une multitude d'éléments stratifiés, ne constituera pas un frein à cette évolution.

Vous avez souhaité que je vous précise les moyens qui seraient affectés à la lutte contre l'échec en premier cycle, aux jeunes chercheurs, aux étudiants, aux liens entre l'université et la recherche. En réponse, je vous répète ce qu'a dit Nicolas Sarkozy : « Faisons la réforme d'abord, les moyens suivront ! » (Exclamations sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)

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