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Intervention de Michel Diefenbacher

Réunion du 23 juillet 2007 à 21h45
Libertés et responsabilités des universités — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Diefenbacher :

En matière d'orientation, les étudiants ont trop longtemps été trompés et, quand ils découvrent la vérité, il est souvent bien tard. Cette vérité, c'est qu'au nom du refus de la sélection, l'orientation est aujourd'hui terriblement lacunaire. Les premières victimes de cette carence sont les étudiants eux-mêmes, qui prennent une mauvaise route et vont alors à l'échec puisque même l'obtention d'un diplôme ne leur offre pas toujours l'accès à l'emploi. Ce sont des victimes parce que l'absence d'orientation claire ouvre la porte à une sélection sauvage.

Je prendrai l'exemple de l'homogénéité des diplômes. Ce dogme n'est jamais contesté mais personne n'y croit vraiment, ni les étudiants, ni les enseignants ni les employeurs. En réalité, même sous des appellations semblables, les diplômes ne sont pas identiques. En l'absence de procédure transparente d'évaluation et de comparaison entre les filières, les programmes et les établissements, des effets opaques de réputation ou de réseaux génèrent des hiérarchies dépourvues d'objectivité et d'équité.

Cette hypocrisie ne sera levée que lorsque – comme l'a proposé la MEC – toutes les universités seront tenues de publier leurs résultats sur la réussite aux diplômes et sur l'insertion professionnelle des jeunes diplômés. C'est aux universités d'en décider. Ce sera l'un des enjeux de l'autonomie. Mais comment ne pas se féliciter que l'orientation fasse désormais partie, de manière explicite, des missions prioritaires du service public de l'enseignement supérieur ?

Le second tabou que l'autonomie permettra de lever, c'est la question des frais d'inscription. Il faut regarder l'université telle qu'elle est, c'est-à-dire, trop souvent, dans un état d'indigence inacceptable. L'État, c'est son rôle, s'est engagé à faire plus et il le fera, vous l'avez rappelé, madame la ministre. Un rattrapage financier vigoureux s'impose en effet. Mais l'État ne pourra pas corriger seul toutes les conséquences de trente ans d'hésitation et de conservatisme. D'autres fonds publics ou privés seront nécessaires – d'où l'importance des fondations – ainsi qu'un effort des étudiants eux-mêmes qui devra bien sûr tenir compte de la capacité contributive des familles et s'accompagner d'un renforcement du système des bourses. Il faut dire clairement que jamais nous n'accepterons une sélection par l'argent, mais, sincèrement, un effort supplémentaire n'est pas hors de portée.

Une intéressante étude de la fondation Concorde établit qu'une augmentation des droits annuels d'inscription de 300 euros, appliquée uniquement aux deux tiers des étudiants les plus aisés, permettrait d'injecter 450 millions d'euros dans les universités, soit près d'un quart de leurs dépenses autres que leurs charges fixes.

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