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Intervention de Valérie Rosso-Debord

Réunion du 23 juillet 2007 à 21h45
Libertés et responsabilités des universités — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Rosso-Debord :

Monsieur le président, madame la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, monsieur le rapporteur de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, mes chers collègues, « J'avais vingt ans. Je ne laisserai jamais personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. » Ces mots très durs de Paul Nizan ont cela d'universel qu'ils pourraient parfaitement être prononcés aujourd'hui, pour refléter une réalité trop souvent douloureuse : le malaise croissant des étudiants.

Mis en lumière lors de la crise du CPE, ce malaise, qui confine parfois au mal-être, peut s'expliquer non seulement par des conditions de vie pas toujours satisfaisantes et des difficultés d'insertion dans l'emploi, mais aussi par un manque de confiance dans l'avenir. Comment une société moderne comme la nôtre peut-elle accepter cela ?

Les années qui suivirent Mai 68 ont suscité d'immenses espoirs pour les jeunes générations, dont la mienne : espoirs d'une société plus harmonieuse, plus équitable, une société du savoir qui valoriserait le mérite de chacun sans reproduire les modèles de caste.

Force est de constater que l'augmentation régulière des personnes fréquentant les bancs de l'université n'a pas permis une réelle et efficace démocratisation de l'enseignement supérieur. Nous rencontrons encore trop souvent des jeunes dont l'orientation est subie et qui sont à l'université par défaut. Ce constat établi, que faut-il faire ?

Notre ambition est double : permettre à chacun de réussir et inscrire positivement nos universités dans l'économie mondiale de la recherche et de la connaissance.

Aujourd'hui, madame la ministre, vous avez eu le courage de poser le bon diagnostic. Trop souvent, nous constatons des moyens dont la répartition est à revoir, des locaux vétustes ou peu fonctionnels, et, surtout, des statuts inadaptés à la mise en oeuvre d'une stratégie. Dans ces conditions, la réforme de l'université française, trop longtemps différée, est une exigence nationale.

En donnant aux universités les moyens de leur modernisation par une gouvernance refondée, une autonomie réelle, de nouveaux leviers de financement, le projet de loi relatif aux libertés des universités va dans la bonne direction. Il s'agit pour nous d'une première étape de cette cathédrale, qui verra suivre cinq chantiers : l'orientation, le logement, la santé, le statut des enseignants et des chercheurs, la lutte contre l'échec.

Je souhaiterais aujourd'hui insister sur une des conséquences attendues de cette réforme : le lien très étroit et trop souvent négligé qui existe entre une orientation adaptée et les conditions de vie proprement dites.

L'absence de repères est la première source de malaise, dont les implications directes sur la santé sont nombreuses et particulièrement dangereuses : conduites addictives, comportements à risque, dépression pouvant aller jusqu'au suicide.

Ces éléments ont été clairement démontrés par la mission d'information sur la santé et la protection sociale des étudiants menée par Laurent Wauquiez au cours de la dernière législature. Les médecins de la santé U confirment d'ailleurs le nombre considérable de consultations motivées en fait par un problème de mauvaise orientation.

C'est pourquoi il était urgent d'agir en amont, dès le lycée, au moment où il est encore possible, ou du moins plus facile, de changer de voie. A cet égard, la mise en place d'une procédure de pré-inscription pour l'accès à l'université, établie en concertation avec les lycées, dès la classe de seconde, constitue une avancée importante.

Par ailleurs, l'obligation pour les établissements de rendre publiques les statistiques, avec des indicateurs de réussite aux examens et aux diplômes, ainsi que la création d'un bureau d'aide à l'insertion professionnelle sont autant d'éléments positifs qui vont dans le sens du respect des étudiants et de leurs familles.

Dans le même sens et pour aller plus loin, il serait utile d'indiquer, pour chaque cycle, le nombre exact d'étudiants sortis du supérieur sans diplôme et quels moyens seront à l'avenir mis en place pour prévenir ce gâchis qu'il nous faut combattre avec détermination.

Ainsi, mes chers collègues, ce texte apporte davantage de liberté pour davantage d'efficacité.

Parce que derrière chaque étudiant en difficulté, il y a une famille qui souffre, qui doute et qui perd pied, la transparence de l'offre et l'accompagnement doivent rester les clés de voûte de notre démarche d'orientation active conditionnant un bon équilibre psychologique, un fort degré de confiance en soi et, au-delà, l'accès à l'emploi et le bon déroulement d'une carrière professionnelle.

Par ses objectifs ambitieux et l'étendue de son champ d'action, ce texte pose indiscutablement la première pierre d'un édifice visant à redonner confiance à l'ensemble de nos concitoyens.

C'est avec enthousiasme, madame la ministre, que je soutiens ce projet de loi, car il est temps de donner tort à Paul Nizan. (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

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