Pourquoi ne le dirais-je pas puisque c'est mon sentiment, qu'il soit partagé ou non ?
Mais cessons avec les sentiments, et abordons la question. (Rires.)
Maintenant que la bonne foi n'est plus en cause, nous avons à traiter le problème. L'ensemble des éléments désormais sur la table de la République nous amène à penser qu'il y aura des restrictions au droit d'amendement. En effet, par un discours solennel et important, et qui marquera les esprits, vous venez d'indiquer qu'il faudrait, dans certains cas, dans certaines circonstances à définir d'une façon consensuelle, limiter le droit d'amendement.
Je vous donne acte de votre bonne volonté, monsieur le président de l'Assemblée nationale, mais je voudrais que vous nous donniez acte de nos propres inquiétudes, qui vont nous suivre tout au long de ce débat. Nous avons le sentiment sur ces bancs, et nous connaissons sur tous les bancs d'honorables collègues qui le partagent, que nous risquons de commettre là une erreur.
Après tout, quand le tumulte est dans la rue, lorsque les crises se nouent à l'extérieur de cet hémicycle, qu'importent 10 000 amendements dont il faudrait se débarrasser ? Ce qui compte, c'est la façon dont l'institution est capable ou non de construire le compromis qu'une politique est incapable de passer avec la société française. Qu'est-ce qu'un règlement intérieur réglera d'une crise politique ? Ou une loi organique, dont M. Copé, par parenthèses, réclamait de connaître jusqu'à la moindre de ses virgules il y a encore quinze jours, et qui nous est toujours inconnue ? C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles nous nous affrontons aujourd'hui : nous ignorons où nous allons. Qu'est-ce que tous ces textes peuvent contre des crises politiques, auxquelles nous serons confrontés sans tarder en raison de choix politiques dont vous savez qu'ils posent certains problèmes à la société française ?
Voilà pourquoi ce débat est devant nous. En dépit de votre tentative de réconciliation, dont je vous remercie, nous autres, du côté de l'opposition, nous nous retrouverons pour le poursuivre. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)