Considérons-nous que, dans cette société, la part essentielle du temps doit être consacrée à la vie économique et que la part de la consommation, de la convivialité et de l'engagement doit être réduite à rien ?
Considérons-nous que, s'agissant du travail, le salaire doit être négocié dans un rapport individuel entre l'employeur et le salarié, non par la négociation collective, et, par conséquent, se définir sur une base individuelle ?
Considérons-nous enfin que l'impact de l'augmentation de la durée du travail sur les conditions de travail, sur la santé au travail, sur les accidents de travail ne doit pas être pris en compte ? Pourtant, nous le savons bien, les conditions de travail ne cessent de se dégrader depuis des années dans ce pays et le nombre d'accidents du travail est considérable – on enregistre chaque jour près de 2 000 accidents du travail entraînant une interruption d'activité.
C'est une réalité, monsieur le rapporteur. Il est dommage que, en tant que représentant de la commission des affaires sociales, une telle question vous paraisse déplacée. On pourrait au contraire imaginer que vous la posiez vous-même ! Ce sont des sujets qui ont quand même leur importance.
Les salariés dont on parle sont des hommes et des femmes qui travaillent, qui ont une vie de famille, qui sont confrontés à des problèmes de santé. Nous savons – toutes les enquêtes le démontrent – que le stress au travail augmente, que les conditions de travail se dégradent, que l'inquiétude au travail s'accroît. On peut penser que cela a un effet direct sur la productivité horaire, qui ne s'améliore plus comme par le passé. Tout cela a donc une incidence sur la compétitivité de notre économie.
Ce ne sont pas là propos idéologiques. Je ne me livre pas à une polémique politicienne et stérile. Je vous pose, madame la ministre, des questions précises et j'espère que, dans ce débat, nous aurons des réponses, car ces sujets intéressent les salariés de ce pays.