…ancien ministre de l'intérieur, ancien ministre des finances, qui participe à la gestion des affaires publiques depuis cinq ans.
Plus encore, cet engagement est fondé sur des a priori que vous ne pouvez absolument pas justifier d'un point de vue économique et technique : le premier a priori, c'est que les Français ne travailleraient pas assez ; le second, c'est que ceux qui voudraient gagner beaucoup d'argent ne pourraient obtenir une juste récompense de leurs efforts. Au fond, comme l'a bien dit Jérôme Cahuzac, vous vous attaquez directement, sans vouloir l'assumer, à la durée légale du travail, que vous contournez sans cesse, et à l'impôt de solidarité sur la fortune.
Si j'insiste sur ce point, c'est pour mieux souligner le biais extrêmement grave dans votre raisonnement et les conséquences que cela aura. Nous savons bien que vos assertions sont fausses. « Les Français ne travaillent pas suffisamment » : non, nous ne sommes pas suffisamment nombreux à travailler. Et c'est la qualité du travail qui peut être mise en question – insuffisance des formations proposées aux salariés, insuffisance des investissements réalisés dans les entreprises. « Les riches ne sont pas suffisamment riches » : Le Monde publiait hier les conclusions d'un rapport du CNRS montrant que les écarts de patrimoine et de revenus n'avaient jamais été aussi élevés.
Le problème, c'est qu'à partir de tels fondements, vous justifiez des dépenses qui représenteront pour la collectivité nationale un coût considérable, difficile à évaluer, dont l'efficacité est extrêmement douteuse. Notre rôle est de vous rappeler à vos responsabilités. Pouvons-nous aujourd'hui nous permettre, dans la situation où vous avez placé depuis cinq ans nos finances publiques et nos finances sociales, un « paquet fiscal » – dont on ignore s'il sera de 11, 12, 13, 15 ou 16 milliards d'euros – sans que l'on sache quelle compensation vous prévoyez pour la sécurité sociale…