Cette erreur, madame la ministre, a déjà été commise par d'autres majorités, et d'autres, je le crains, la commettront après vous.
En 1981, un Président de la République fut élu. Il avait dans son programme la suppression de l'école privée. Les Français ne l'ont pas voulue. Et pourtant ils avaient voulu M. François Mitterrand.
En 1996, un Premier ministre, actuellement maire de Bordeaux, a souhaité présenter un projet dont il pensait que les Français voulaient, puisque celui-ci avait fait partie du programme du Président de la République élu l'année précédente. Les Français ne l'ont pas voulu.
Vous vous apprêtez, me semble-t-il, à commettre la même erreur. Vous estimez que les Français adhèrent en tout point au programme de la majorité et vous n'avez de cesse de vouloir l'appliquer sans nuance.
C'est ainsi, me semble-t-il, que toutes les majorités – peut-être la vôtre, mesdames, messieurs, ne soyons pas à ce point certains de l'avenir – ont commis des erreurs, des maladresses contreproductives dues à des décisions trop hâtives. La hâte, c'est finalement ce qui caractérise avec son coût le projet de loi, dont je demande le renvoi en commission.
La hâte n'est certainement pas bonne conseillère.