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Intervention de Thierry Mariani

Réunion du 23 janvier 2008 à 21h30
Organisation du service public de l'emploi — Article 3

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Mariani :

Dès 1970, l'assurance chômage a prévu le maintien de la protection sociale des salariés expatriés face au risque du chômage. Une de nos collègues vient de parler de l'outre-mer ; je souhaite pour ma part évoquer l'amendement qui concerne les deux millions de Français expatriés.

Le GARP, Groupement des ASSEDIC de la région parisienne, a été mandaté pour assurer une gestion centralisée de ce dispositif, depuis l'affiliation jusqu'à l'étude en vue d'une ouverture de droits. Une gestion nominative de l'affiliation et du recouvrement a été mise en place dès sa création. À ce titre, le GARP effectue donc l'affiliation, le renseignement du passé professionnel, le recouvrement, l'étude et le calcul des droits à indemnisation. Ces activités constituent un processus intégré qui garantit la sécurisation et la qualité des données.

Le présent projet semble remettre en cause ce processus par le transfert aux URSSAF du recouvrement des contributions. Or les URSSAF n'ont pas compétence pour effectuer le recouvrement des cotisations sociales pour les salariés expatriés. Ce recouvrement par les URSSAF des contributions dues par les employeurs conduirait à remettre en cause le processus existant de gestion nominative et de lutte contre la fraude.

Permettez-moi de vous rappeler en quelques mots le contexte réglementaire de l'expatriation en dehors de l'Espace économique européen et de la Suisse.

Au rebours de la sécurité sociale qui n'oblige pas les employeurs à assurer leurs salariés expatriés, l'assurance chômage est obligatoire si l'entreprise est établie en France. La participation est en effet obligatoire pour tout salarié expatrié français, Suisse ou ressortissant de l'Espace économique européen. Les consulats et les ambassades de la Suisse et des États membres de l'EEE situés en France sont également concernés par cette affiliation obligatoire. Elle est en revanche facultative si l'entreprise est établie en dehors d'un État membre de l'EEE ou de la Suisse. À défaut d'affiliation par l'employeur, les salariés concernés ont la possibilité d'adhérer à titre individuel. Or les URSSAF procèdent à la collecte des cotisations sur la base d'une assiette salariale globale.

La gestion centralisée par le GARP présente quant à elle bon nombre d'atouts : c'est un interlocuteur unique pour une population spécifique en termes de mobilité professionnelle et géographique, de qualifications et de spécialisations, de réglementation applicable dans les pays d'accueil et, enfin, d'écoute des problèmes liés à l'éloignement géographique.

Cette gestion centralisée constitue aussi un instrument de prévention contre la fraude grâce à un traitement nominatif des dossiers des adhérents dès l'affiliation, le croisement des fichiers entreprises-salariés permettant le rattachement des salariés couverts par entreprise, le contrôle du respect des obligations contributives et déclaratives comme condition à une indemnisation.

Il convient donc de maintenir la spécificité de la couverture assurance chômage des salariés expatriés privés d'emploi.

La gestion de la couverture de l'assurance chômage des salariés expatriés représente, en 2007, 4 100 entreprises affiliées, 35 000 salariés couverts, dont 7 500 à titre facultatif, et 1 400 études de droit aux prestations.

Cette richesse a été clairement exprimée en mars et avril derniers par Nicolas Sarkozy alors candidat à l'élection présidentielle.

Il affirmait alors, madame la ministre, dans une lettre adressée aux Français de l'étranger, que « le renforcement du lien entre la République et nos expatriés doit s'opérer dans tous les domaines de la vie quotidienne ». Son souhait était très clair : que notre réseau français soit davantage au service de nos expatriés et que leurs démarches soient simplifiées, afin qu'ils puissent plus aisément faire valoir leur droit.

Il poursuivait en réfutant l'idée que nos expatriés sont des privilégiés qu'il faut à tout prix chercher à punir ! Bien au contraire, il affirmait la continuité de l'aide sociale à son niveau actuel. Notre dispositif se doit ainsi de continuer de s'améliorer, notamment en ce qui concerne la rigueur de gestion, pour améliorer la prise en charge dont nos expatriés ont besoin.

À titre d'indication, une enquête a été menée en novembre 2007 auprès d'un échantillon représentatif d'entreprises françaises sur la gestion centralisée menée actuellement par le GARP. Il en ressort, madame la ministre, une satisfaction globale de 92,6 %, satisfaction portant notamment sur les relations téléphoniques, les échanges par courrier électronique, les réponses aux réclamations.

Pourquoi, dès lors, modifier un système qui fonctionne pour une population très déterminée ?

Cet amendement a ainsi pour objet de maintenir une gestion centralisée de cette couverture assurance chômage, gestion qui restera confiée à la nouvelle institution issue de la fusion de l'ANPE et des ASSEDIC pour tous les salariés embauchés hors de France pouvant bénéficier d'une couverture assurance chômage en application des dispositions spécifiques afférentes à la réglementation des expatriés.

Cette institution doit conserver la maîtrise de cette activité de bout en bout : affiliation, recouvrement, alimentation du passé professionnel du salarié en relation avec l'entreprise, étude et calcul des droits à indemnisation.

Voilà pourquoi, madame la ministre, je défendrai tout à l'heure un amendement visant à ce que ce processus intégré reste géré par une seule entité.

Les deux millions de Français installés à l'étranger constituent, nous le savons – et vous le savez, madame la ministre, puisque vous avez été ministre du commerce extérieur, et que vous êtes allée de nombreuses fois à leur rencontre –, un indéniable facteur d'échanges, un atout dans un monde de plus en plus interdépendant. Nos expatriés participent pleinement à l'influence et au rayonnement de la France. On ne peut leur nier ces ressources et avantages.

Reprenant les termes de notre Président de la République, je dirai, pour finir, que la France doit penser à ses expatriés de la même façon qu'ils pensent à elle.

C'est pourquoi, une fois encore, je vous demande de soutenir l'amendement que je défendrai dans quelques minutes. Il est simplement ici question de logique, de reconnaissance, et de justice pour une population très particulière.

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