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Intervention de Jean-Pierre Balligand

Réunion du 22 septembre 2008 à 21h30
Revenus du travail — Reprise de la discussion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Balligand :

L'intervention de M. Raffarin a d'ailleurs un mérite : elle montre que le blocage des sommes n'a pas été institué uniquement pour nuire aux salariés ou les infantiliser, comme pourrait le laisser penser le discours tenu par le ministre du travail. En effet, le Gouvernement ne met qu'une seule chose en avant pour justifier l'article 2 : donner le choix au salarié. À côté de la logique de pouvoir d'achat différé, via l'épargne, le Gouvernement ouvre désormais la possibilité d'un pouvoir d'achat à court terme. Encore faut-il préciser ce choix.

Tout d'abord, le code du travail ne recense déjà pas moins de neuf causes de déblocage qui répondent à ce souci de pouvoir d'achat à court terme, parmi lesquelles le mariage, la naissance du troisième enfant ou l'achat d'une maison. Ensuite et surtout, ce pouvoir d'achat à court terme sera surtout un pouvoir d'achat réduit, puisque, pour en bénéficier, le salarié devra acquitter l'impôt sur le revenu. Autant dire que le libre choix que vante le Gouvernement n'apportera rien aux salariés qu'ils n'aient déjà. D'ailleurs, le Gouvernement n'a apparemment pas pris la peine de chiffrer les conséquences sur la consommation qu'il attendait de cette mesure.

Tout à l'heure, M. Bertrand a dit qu'avec cet article 2 il voulait sortir d'une conception « dirigiste » de la participation. C'est un bien étrange hommage au général de Gaulle que de qualifier son projet de dirigiste, alors même qu'il prétendait justement échapper au « dirigisme qui ne dirige rien ». J'y vois une nouvelle preuve que c'est par pure idéologie que cette mesure nous est aujourd'hui présentée, au nom d'un libéralisme qui, comme le disait le général de Gaulle, et comme cet article 2 en fournit une nouvelle preuve, « ne libère personne ».

Si je souligne l'écart entre le discours de M. Bertrand et la vision du général de Gaulle, ce n'est pas pour constater à quel point l'héritage de celui-ci est désormais ignoré à l'UMP, encore que je le regrette. C'est parce que cela montre bien que la philosophie qui sous-tend l'article 2 mène tout simplement à la disparition de la participation.

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