Monsieur le président, monsieur le ministre, messieurs les rapporteurs, mes chers collègues, le texte que nous allons étudier revêt, me semble-t-il, une importance particulière.
Il nous est, tout d'abord, proposé en session extraordinaire : de ce fait, il sera tout particulièrement suivi. Sa philosophie, ensuite, constitue un nouveau marqueur de la direction idéologique choisie par l'actuel gouvernement, direction qui mérite une fois de plus d'être évoquée.
Un bref retour en arrière nous permet en effet de constater que, depuis l'arrivée aux responsabilités de Nicolas Sarkozy, la politique menée par le Gouvernement tend à la mise en place d'un triptyque bien établi.
Premièrement, dans la relation qu'entretient la société avec chaque individu, celui-ci n'est dorénavant plus amené à attendre de la société un soutien face aux accidents de la vie. Il est au contraire rendu plus que responsable des événements qui pourraient émailler son parcours. Il en est ainsi du chômeur, sur lequel on fait planer un doute lancinant à la fois sur sa volonté de s'en sortir et sur les raisons qui ont pu le conduire à connaître une telle situation. De même le salarié du privé, dans le cadre de l'inversion de la hiérarchie des normes, se retrouvera seul face à son employeur dans un rapport forcément déséquilibré. Le malade, quant à lui, est montré du doigt en raison de la charge qu'il représente pour la collectivité : l'allongement de la durée de la vie et le coût élevé des derniers mois de celle-ci deviennent, pour certains, surtout pour vous, incompatibles avec une prise en charge complète par la solidarité nationale. Il en va de même pour le futur retraité, qui comprend que le modèle qui a prévalu jusqu'alors risque d'être démantelé à terme.
Il ne s'agit là que de quelques exemples car la liste serait bien trop longue si elle devait être exhaustive.
Deuxièmement, alors que dans la relation qu'il entretient avec la société, l'État est un élément central, régulateur et fédérateur de celle-ci, il voit aujourd'hui son rôle totalement modifié en vue de ce que le Gouvernement nomme fort pudiquement sa « modernisation », qualifiée à chaque projet de loi d'« historique ». Vous avez une réelle facilité, monsieur le ministre, messieurs les secrétaires d'État, pour l'autosatisfaction. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Derrière ce mot – la « modernisation » – se cache en fait un régime drastique destiné à diminuer l'intervention de l'État, dans le cadre d'une décision prise sans réflexion préalable sur ce qu'on attend de lui aujourd'hui. Eh bien, dans le contexte trouble qui est celui de notre pays, le Gouvernement a décidé de ne s'intéresser qu'à l'aspect budgétaire sans prendre en considération les besoins sociaux exprimés par la population.
Soyons honnêtes : les actions menées sont d'une violence et d'une constance toutes particulières. Là où ce gouvernement passe, les services publics trépassent.