Je voudrais saluer, enfin, l'action inlassable du Haut Commissariat pour les réfugiés et de son responsable, M. António Guterres, aux côtés des personnes déplacées. Dans une de ses récentes déclarations, M. Guterres mettait en lumière une des caractéristiques les plus frappantes de la guerre de Gaza : c'est le seul conflit au monde où les civils n'ont même pas la possibilité de fuir, disait-il le 6 décembre. Un million et demi d'hommes et de femmes sont ainsi bloqués dans ce territoire de 360 km2, où les conditions de la vie quotidienne deviennent de plus en plus dramatiques.
À cet enfermement des corps répond l'enfermement des esprits. L'ambassadeur d'Israël nous disait, hier matin, en commission des affaires étrangères, que la population israélienne était soudée derrière son gouvernement et son armée, qu'elle en avait assez des frappes aveugles qui semaient l'insécurité et la mort parmi la population du sud du pays. Comment ne pas comprendre, humainement, cette réaction ? Toutefois, l'histoire est là pour rappeler à quel point est dangereuse l'unanimité dans la lassitude. On ne bâtit pas l'avenir sur un sentiment négatif.
Du côté palestinien, la division entre les mouvements et les courants d'opinion, outre qu'elle affaiblit la représentativité politique effective de l'Autorité palestinienne, est une source de surenchère dans l'hostilité à Israël, et aussi, sans doute, une cause de découragement. L'extrémisme se nourrit de l'absence ou de la faiblesse des perspectives politiques, avant d'être encouragé et stimulé par l'intervention extérieure.
Je partage l'opinion de celles et ceux qui condamnent les actes de terreur perpétrés par les milices du Hamas au détriment, eux aussi, de victimes innocentes. Les attentats suicides, les frappes de roquettes aveugles ne sont pas des procédés de guerre, ce sont des offenses à l'humanité. (Applaudissements sur les bancs du groupe NC.) Je comprends que l'on éprouve les plus vives réticences à traiter, ou même simplement à parler, avec un gouvernement formé ou soutenu par des personnes dont la négation de l'autre est le premier article du credo politique. Je comprends ce refus, considérant que l'existence d'Israël est un fait politique et une réalité humaine incontestables, contre lesquels aucune menace n'est acceptable.
Mais, en même temps, nous devons reconnaître que le gouvernement soutenu par le Hamas procède des urnes. Les Palestiniens de Gaza ont exprimé, en se prononçant majoritairement pour le Hamas, leur propre sentiment de révolte et de découragement. Ce sentiment ne doit pas être passé par pertes et profits au seul motif qu'il ne correspondrait pas à ce que l'on voudrait que les habitants de Gaza, et les Palestiniens en général, pensent. Il faut créer les conditions qui leur permettent de croire en la possibilité d'un autre choix.
Le dialogue direct entre les adversaires est actuellement impossible. Il y a entre eux trop de méfiance, de violence et de morts. Et pourtant, il est impossible de laisser la situation d'affrontement perdurer. Elle est fatale, à court terme, pour la vie, voire la survie, des populations impliquées. De plus, même si l'armée israélienne atteint les objectifs militaires qu'elle s'est fixés, sa victoire du moment laisse entières les causes profondes du conflit qui, tôt ou tard, resurgira.
Seule une impulsion extérieure permettra d'offrir aux parties en présence le cadre d'une négociation dont elles ont, en l'état, perdu la capacité politique d'admettre la nécessité dans leur propre intérêt. Le groupe Nouveau Centre soutiendra donc toutes les initiatives qui permettront la constitution, par des instances internationales, d'espaces de rencontres et de procédures de dialogue.
Dans l'immédiat, il appelle de ses voeux l'application effective et rapide du cessez-le-feu réclamé par le Conseil de Sécurité dans sa résolution 1860 du 8 janvier dernier, « menant au retrait total des forces israéliennes de Gaza » et comportant, dans l'immédiat, une intensification de l'aide humanitaire du Haut Commissariat pour les réfugiés et des organisations non gouvernementales.
Comme le Conseil, il constate que la réconciliation entre Palestiniens est un préalable à 1'ouverture et, à plus forte raison, monsieur le ministre, au développement de conversations entre les Palestiniens et Israël. On ne saurait imposer de l'extérieur cette réconciliation nécessaire, elle doit venir de la réflexion des parties en conflit, éventuellement encouragée de manière amicale et non directive. Dans cette perspective, le groupe Nouveau Centre ne peut qu'espérer la réussite des entreprises de médiation engagées dans le monde arabe, à l'initiative, notamment, du président Hosni Moubarak.
En outre, le groupe Nouveau Centre souhaite que la France continue de prendre une part active dans les efforts de reprise du dialogue israélo-palestinien, dans le prolongement de 1'action menée avec détermination par le Président de la République il y a quelques jours. Devant notre commission des affaires étrangères, un point a réuni l'ambassadeur d'Israël, M. Shek, et la déléguée générale de la Palestine en France, Mme Hind Khoury : la reconnaissance pour cette intervention. Je suis heureux d'en rendre ici témoignage. Je vois dans ce fait symbolique la consécration de 1'approche équilibrée que le Président de la République a souhaité promouvoir dans ses relations avec Israël et le monde arabe – et vous pouvez tout naturellement en témoigner, monsieur le ministre –, approche équilibrée dont la clé de voûte est un respect égal de chacun des partenaires de la France.