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Intervention de Jean-Christophe Cambadélis

Réunion du 14 janvier 2009 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la situation au proche-orient et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Christophe Cambadélis :

Constatons que tous les points d'appui pour ce plan de paix se sont affaiblis dans tous les camps. C'est la raison pour laquelle le déblocage sera international. Israël refuse la résolution des Nations unies de cessez-le-feu. Nous le déplorons. Il faut proposer des résolutions contraignantes et utiliser la pression économique européenne. L'urgence est le cessez-le-feu, le retrait des troupes de Gaza, l'ouverture de couloirs humanitaires, l'envoi d'une force internationale protégeant les populations et garantissant la sécurité de tous.

Évidemment, on trouvera la vraie solution aussi bien à Washington qu'à Tel-Aviv, au Caire ou à Damas, surtout lorsqu'on ne peut, ou qu'on ne veut pas, aller jusqu'à Téhéran. Les États-Unis ne peuvent plus soutenir économiquement et militairement Israël sans contrepartie. Voilà pourquoi nous vous préférons, monsieur le ministre, aux Nations unies faisant voter un cessez-le-feu plutôt que soutenant du bout des lèvres le cavalier seul du Président de la République au Proche-Orient.

Il fallait, en l'espèce, jouer plus vite et plus nettement la carte d'une solution globale prônée conjointement par les Nations unies, par l'Europe et, si possible, par les États-Unis. Le multilatéralisme n'est pas un idéal abstrait, une perte de temps qui engendrerait la dilution pratique de la capacité d'influence des nations. Dans le monde d'aujourd'hui, l'approche multilatérale est au contraire une condition d'exercice efficace de la puissance. Ce cavalier seul a été une erreur parce qu'il est contraire à la nécessité et à la volonté de bâtir une politique étrangère européenne.

C'est précisément face à la crise, hier dans les Balkans ou en Irak, que se saisit ou se perd l'occasion de cette affirmation et de cette émergence. La question du rôle et de la place de l'Europe dans le monde dépend moins, en vérité, des avancées institutionnelles et juridiques dont nous ne cessons de débattre, que de ce qui se construit, se cristallise dans des épreuves comme celle que nous traversons. C'est dans des moments comme celui-ci que l'image de l'Europe – dont il s'agit de savoir si elle doit être une puissance politique intégrée ou une simple zone de coopération économique – se constitue pour ses propres peuples et pour le reste du monde.

Tout doit être tenté pour la paix, évidemment, mais était-il judicieux de faire cavalier seul, « kidnappant » au passage le plan égyptien, alors que s'achevait la présidence française de l'Europe et que nous professons le multilatéralisme ?

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