…quand elle a éventuellement utilisé les possibilités de modélisation, des essais en plein champ peuvent en effet se révéler indispensables.
J'aimerais vous lire deux passages d'un courrier que m'a adressé un chercheur de l'INRA, dont je tairai le nom par discrétion.
« En tant que scientifique – écrit ce chercheur très modéré de l'INRA –, observateur de l'évolution des connaissances dans le domaine de la génétique et des applications potentielles, il me semble extrêmement important que notre pays puisse continuer de développer une expertise scientifique indépendante et contradictoire sur les OGM. Cette expertise se doit également de dépasser le cadre purement biologique, agronomique et technologique pour appréhender plus systémiquement comment l'introduction et l'expansion de ces cultures impacteraient de manière substantielle l'évolution des pratiques agricoles, l'organisation des filières de production, les circuits de distribution, la consommation [...].
« Cette expertise, sa fiabilité, sa pertinence, nécessiteront obligatoirement une phase d'essais à l'extérieur dans les conditions de culture des plantes. » – pour ma part, je ne le suis pas sur le mot « obligatoirement », et je reste plus nuancé. « En effet, sans ce niveau d'appréhension des phénomènes, nous ne serons probablement pas en mesure d'analyser correctement les impacts potentiels sur l'environnement (positifs ou négatifs). De tels essais devront être validés, par une instance indépendante, quant aux protocoles et finalités agronomiques, mais également sociétales – cette instance est, bien entendu, le Haut conseil des biotechnologies. Ils seront forcément limités en surface, contrôlés sur leur conduite, et auront un impact complètement négligeable sur notre environnement. Les contrôles de pollinisation ou de flux de nouvelles graines vers l'environnement peuvent se réaliser de manière tout à fait parfaite dans des protocoles dédiés. Sur ce dernier point, les méthodologies à mettre en oeuvre dépendent bien entendu des espèces végétales, de leur biologie florale et des caractères en analyse. »
Cet amendement, très important à mes yeux, permet de mieux cerner l'approche des OGM, qui ne doit en aucun cas aboutir à l'abandon de la recherche conduite par des instituts publics. Il faut conserver dans ce pays une possibilité d'expertise publique que nous perdrons si nous ne permettons pas à nos chercheurs d'aller jusqu'au bout de leurs travaux.