Cette question fait débat à droite comme à gauche. La piste mérite en tout cas d'être creusée, avec intelligence et sans dogmatisme.
J'en viens maintenant au carcan européen. Qu'on le veuille ou non, nous avons besoin de l'Europe. Mais la France a commis une faute en s'enchaînant à la monnaie unique, alors que tout prouve qu'elle est inadaptée à notre production. L'autisme de la Banque centrale prive la monnaie unique de ses vertus, et il est évident qu'il devrait aujourd'hui y avoir deux monnaies en Europe : l'une ancrée sur l'économie dominante qu'est l'Allemagne, l'autre ancrée sur les économies française, italienne et espagnole, qui ont des structures de production similaires.
En renchérissant nos exportations, l'euro fort nous a coûté un point de PIB sur les cinq dernières années. L'oublier, c'est prendre ses désirs pour des réalités et, comme je le disais un jour au gouverneur de la banque centrale : « Votre monnaie est parfaite… pour un monde parfait qui n'existe pas. » Il est donc urgent de mettre de l'ordre dans cette situation, et je regrette que le traité de Lisbonne n'en dise rien. Nous avons raté cette occasion de remettre les pendules à l'heure.
Quant à nos exportations, on nous a, pendant des années, vendu le tout-Europe, alors que l'on constate aujourd'hui que, du fait de leur population vieillissante, nos partenaires européens n'achètent plus. L'Allemagne l'a compris, qui, depuis 1992, a joué la carte des pays émergents, tandis que nous persistions dans l'eurobéatitude. Jouons la carte de la mondialisation et ouvrons-nous sur le grand large.
Il est enfin nécessaire qu'émerge, au lieu des modèles mathématiques de concurrence que l'on nous sert, une véritable politique industrielle européenne. On a cassé EDF et GDF, qui fonctionnaient parfaitement. Au nom de la concurrence, qui donnerait les clefs d'explication du monde ? C'est un élément, mais ça ne suffit pas : il faut savoir protéger ses intérêts et conserver les entreprises qui ont réussi. Nous l'avons dit hier à un commissaire européen manifestement prisonnier de ses modèles mathématiques et de ses solutions toutes faites, alors qu'à l'évidence nous avons besoin d'une politique industrielle.
Il nous faut aussi une politique familiale active. C'est un investissement pour l'avenir, car ce sont les familles qui porteront les investissements de demain et accroîtront la demande.
C'est une évidence : nous devons mettre le paquet pour les familles, notamment les familles nombreuses, qui sont l'avenir de la nation ! Si nous n'agissons pas dans ce sens, nous aurons tout faux, parce que le pouvoir d'achat est avant tout le résultat d'une politique économique, et non l'inverse ! (Applaudissements sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)