…les loyers suivent le même mouvement, tout comme les prix du gaz et des carburants ; un million de dossiers de surendettement a été déposé en cinq ans ; les allocations familiales ont baissé en euros constants ; les salaires stagnent et une nouvelle taxe sur les malades, que vous appelez « franchise », a été instaurée. Je cesserai là cette énumération. C'est en tout cas une certitude : le pouvoir d'achat régresse. Tout le monde le constate et les Français le subissent. L'excellente étude que vient de publier le CRÉDOC montre que la situation des classes moyennes se rapproche de celle des « bas revenus » alors que les « hauts revenus » se détachent : elle confirme bien ce que ressentent nos concitoyens.
Chers collègues de la majorité, le pouvoir d'achat, il ne suffit pas d'en parler, il faut l'augmenter. Nous aurions préféré examiner des mesures concrètes directes plutôt que des palliatifs. La dégradation continue du pouvoir d'achat des plus modestes n'est pas une fatalité. Vous en êtes responsables : elle résulte des choix politiques faits par votre majorité depuis plus de six ans.
En refusant notre proposition de loi sur le soutien du pouvoir d'achat des ménages, mais aussi nos amendements au projet de loi de finances et au collectif budgétaire, vous avez fait le choix de l'inaction et de l'impuissance.
Vous refusez aussi de donner un coup de pouce au SMIC, ou de réévaluer la prime pour l'emploi au-delà de l'inflation, tandis que les retraites et les allocations familiales stagnent, et que les contrats aidés sont remis en cause. À chaque fois, ce sont les plus modestes qui trinquent. Ils subissent ainsi de plein fouet les conséquences de la hausse du prix du pétrole sur les dépenses liées au chauffage et aux déplacements.
Pourtant cette hausse n'est pas une mauvaise pour tout le monde, elle est à l'origine d'importants effets d'aubaine. Les profits des compagnies pétrolières s'envolent cette année, et les bénéfices de Total atteignent déjà 9,6 milliards d'euros pour les trois premiers trimestres. L'État, autre bénéficiaire de cette flambée de prix, encaisse mécaniquement la TVA au détriment des citoyens et préfère récupérer un peu d'argent plutôt que de rendre du pouvoir d'achat aux Français. Ces recettes ne suffiront évidemment pas à remplir des caisses laissées vides après le vote, cet été, du paquet fiscal de 15 milliards d'euros, au profit des nantis.