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Intervention de Germinal Peiro

Réunion du 1er avril 2008 à 15h00
Organismes génétiquement modifiés — Exception d'irrecevabilité

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGerminal Peiro :

Vous faites le choix de ceux qui vont porter attente à la biodiversité contre ceux qui veulent préserver l'environnement. Vous faites le choix de privilégier les intérêts financiers des grandes firmes contre l'avis et l'intérêt du plus grand nombre. (« C'est vrai ! » sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

Ce choix aura des conséquences graves pour tout un pan de notre économie. La plus-value que tirent la France et l'Europe des productions agricoles tient pour la plupart aux productions de qualité attachées à nos terroirs. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.) Dans bien des domaines, la généralisation des cultures d'OGM sera incompatible avec les cahiers des charges et les démarches de labellisation, que ce soit dans le domaine des AOC, des IGP ou des labels. C'est tout un pan de l'agriculture conventionnelle qui sera mise en danger, comme le sera bien évidemment l'agriculture biologique.

Vous faites le choix d'une agriculture modifiée par l'introduction artificielle du gène d'intérêt financier des semenciers. (« Eh oui ! » sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. – Exclamations sur quelques bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)

Votre texte prévoit que l'agriculteur sera, en bout de chaîne, le seul responsable de plein droit des disséminations et de la contamination des terrains voisins. Aujourd'hui, aucun assureur ne veut assumer un tel risque : c'est dire le danger ! Pour le groupe socialiste, radical et citoyen, il est inconcevable de faire porter la responsabilité aux seuls agriculteurs, transformés en boucs émissaires : ce sont avant tout les détenteurs d'autorisation, les distributeurs, l'ensemble de la filière, qui doivent être appelés à réparer les dégâts déjà prévus dans le texte. Il ne faudrait pas oublier non plus la responsabilité de l'État, qui autorise la mise en cultures alors qu'il en connaît les risques.

Tout juste acceptez-vous de réparer les dégâts que vous savez inévitables – et dans quelles conditions ! Pour vous, la liberté se résume donc à la liberté de polluer si l'on paye.

Les lobbies pro-OGM avancent souvent l'argument que les plantes génétiquement modifiées régleront les problèmes de la faim dans le monde – nous l'avons encore entendu ce soir.

Il ne fait aucun doute que les biotechnologies apporteront, à l'humanité. C'est pourquoi, je le répète, nous vous demandons de soutenir la recherche publique, indépendante. Toutefois, en l'état actuel des choses, les OGM ne sont pas la réponse au problème de la faim dans le monde, qui est moins un problème de biotechnologie qu'un problème politique et agronomique. Au contraire, les technologies nouvelles sont utilisées pour réduire les productions vivrières et rendre dépendants les peuples les plus pauvres. Huit cents millions d'hommes sont sous-alimentés sur notre planète. (« Bien sûr ! » sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

Le problème de la faim dans le monde est, je le répète, un problème politique. Nous voyons aujourd'hui les pays les plus riches accaparer les espaces agricoles pour produire des agrocarburants au détriment des productions alimentaires. (Vifs applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)

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