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Intervention de Jean-Marc Ayrault

Réunion du 1er avril 2008 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la situation en afghanistan et débat sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Marc Ayrault :

Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, mes chers collègues, le 26 avril 2007, entre les deux tours de l'élection présidentielle, le candidat Nicolas Sarkozy – qui avait proclamé : « Tout ce que je dirai pendant la campagne, je le ferai » – déclarait sur France 2 qu'il retirerait nos troupes d'Afghanistan s'il était élu Président de la République. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)

Il estimait alors que « la présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne semble pas décisive ». Et il s'engageait à poursuivre la politique de rapatriement de nos forces armées entamée par Jacques Chirac.

Que s'est-il donc passé depuis un an pour que le chef de l'État change de politique ? Pourquoi est-il devenu si urgent que la France renforce son effort de guerre ? Aucune explication n'est venue étayer la volte-face présidentielle.

Seul, oui, seul, sans information du Parlement et, semble-t-il, contre l'avis d'une partie de l'état-major des armées, le chef de l'État bouleverse la nature de l'engagement français en Afghanistan et le consensus national qui l'entourait.

Cet engagement reposait sur le droit de légitime défense collective reconnu par la charte des Nations unies et par l'article 5 de la charte de l'Alliance atlantique. Au lendemain des attentats du 11 septembre, il s'agissait d'empêcher un conflit de civilisations en abattant l'organisation terroriste qui avait organisé ces actes de barbarie et l'État qui s'en était rendu complice.

Il était alors du devoir de la France d'être aux côtés de ses amis américains. Elle ne s'y est pas dérobée ! Et elle a eu raison. Le gouvernement taliban est tombé, et si Al Qaïda n'a pas été détruite, sa capacité de nuisance a été affaiblie.

Mais force est de constater que la seconde partie de la mission, la stabilisation et le développement d'un pays pacifié, démocratisé et intégré à la communauté internationale, est loin d'être remplie. La pauvreté n'a pas reculé. L'aide économique ne répond pas à l'ambition affichée. Les islamistes regagnent du terrain. Et malgré le soutien de la coalition aux efforts du président Karzaï, malgré l'émergence d'un embryon d'État et d'une armée nationale, l'Afghanistan demeure cette nation décomposée, pauvre et tribale dans laquelle, par le passé, toutes les forces militaires étrangères se sont enlisées, qu'elles soient anglaises ou russes.

Aujourd'hui, la coalition se heurte aux mêmes difficultés parce qu'elle a commis les mêmes erreurs. Sûre de son bon droit, elle a privilégié l'éradication militaire des Talibans au détriment de la reconstruction économique, sociale et sanitaire du pays.

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