L'arrêt de l'exploitation du minerai de fer en Lorraine, amorcé en 1963 et aujourd'hui total, a eu des conséquences sur les hommes et les territoires que nul ne peut oublier. Des 20 000 emplois de mineurs de fer qui avaient contribué à la puissance industrielle de notre pays, il n'en reste aujourd'hui aucun. Les communes minières ont parfois perdu près de 40 % de leurs habitants, et leurs ressources fiscales liées à la mine ont intégralement disparu depuis longtemps.
Pis encore, l'arrêt de l'exploitation a provoqué l'ennoyage des galeries et bouleversé l'hydrologie des nappes et des cours d'eau. Des mouvements de terrain ont, comme à Moutiers, Auboué, dans le Bassin de Landres-Piennes, causé des dégâts aux habitations ou nécessité des expropriations préventives, le tout dans un contexte d'abandon de Lormines, devenu Arcelor puis entré aujourd'hui dans le giron de Mittal.
Victimes de l'amiante et de maladies professionnelles, inquiètes de la remise en cause de leur régime de sécurité sociale, les populations minières, dont les retraites sont scandaleusement basses, voient leurs territoires aujourd'hui rattrapés par les séquelles d'une surexploitation des ressources souterraines. Pourtant, les services de l'État – la DRIRE après l'ancien service des Mines – étaient censés contrôler les conditions d'exploitation des concessions minières pour assurer la sécurité des personnes et des biens.
Ma question porte précisément sur le énième épisode de ce mauvais scénario, qui pourrait devenir le film catastrophe malheureusement redouté et annoncé par les élus et les associations du bassin. L'ennoyage du dernier sous-bassin, connu sous le nom de bassin Nord, est terminé. Son débordement se fait à Knutange, quasiment au lieu et à la cote prévue. Cette arrivée massive de l'eau en un seul point a été mesurée à un débit d'environ trois mètres cubes par seconde. Les administrations de l'État, interrogées des dizaines de fois sur ce sujet, ont toujours affirmé que cette rivière, par endroits canalisée, notamment sous le centre-ville d'Hayange, était en capacité d'absorber les débits de débordement du bassin Nord.
Aujourd'hui, un simple constat visuel montre des canalisations en état de quasi-saturation. Les débits actuels sont pourtant largement inférieurs aux estimations quinquennales ! L'inquiétude est extrême et légitime, et ce malgré les travaux entrepris par la communauté d'agglomération du Val de Fensch. L'exploitant, avec l'assentiment bienveillant de l'État, fait courir d'énormes risques à une région qui n'a pas mérité pareil mépris.
Au moment où le développement de l'activité du Luxembourg voisin redonne dynamisme et espoir à ce territoire et à ses habitants, je souhaite connaître la position du Gouvernement, les mesures envisagées et les moyens alloués pour faire face aux graves risques encourus dans ce territoire, berceau des mines et de la sidérurgie.