Il s'agit bien d'une autre culture, nous le savons, même si elle s'explique sans doute par une réaction au passé. Il s'agit d'une conception selon laquelle le Parlement doit voter rapidement les textes, et surtout ne pas parler. Elle n'est pas nouvelle dans notre vie politique : selon les époques, on l'a appelée bonapartiste, boulangiste ou gaullienne. Ce n'est certes pas nouveau, mais ce n'est pas ma culture.
Je ne participe pas de ce type de culture : la culture parlementaire qui est la mienne est celle d'un Parlement où l'on parle ; où ceux qui prennent la parole expriment l'opinion des citoyens qui les ont élus, des citoyens qui ont besoin de porte-parole. Quand je parle à cette tribune, le peuple s'exprime à travers mes paroles ; quand vous parlez et quand chacun d'entre nous parle à cette tribune, c'est le peuple de France qui s'exprime dans les propos que nous tenons, chacun et ensemble, dans notre diversité. La démocratie vit ainsi à travers nos propos. L'exercice est difficile, mais il nous a été légué en héritage par les quinze mille députés qui nous ont précédés sur ces bancs depuis que la Révolution française a permis qu'il y ait une Assemblée nationale.