Nous avons donc aujourd'hui un problème vis-à-vis des médias audiovisuels, relatif à leur utilisation exagérée par un certain nombre de responsables politiques – évidemment, au premier chef, le Président de la République. Finalement, ce dernier active les médias selon son bon plaisir, et il peut s'exprimer autant qu'il le veut, d'autant que la plupart de ces grands médias sont détenus par quelques-uns de ses amis.
C'est le deuxième point que je voudrais évoquer, s'agissant d'atteinte au pluralisme démocratique. En effet, comme l'a fait tout à l'heure Jacqueline Fraysse, si l'on recense les propriétaires des grands médias que les Français regardent à peu près trois heures et demi à quatre heures par jour, on trouve des groupes industriels qui répondent à des commandes publiques : Bouygues – propriétaire de TF1 –, Lagardère, Bolloré, La Lyonnaise aujourd'hui rebaptisée Vivendi.
Cette situation engendre des conflits d'intérêt. Ayant été journaliste pendant quelques années (« Ah ! » sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire), je me souviens qu'il était difficile, pour nos collègues des chaînes privées, de faire des reportages critiques sur le Maroc d'Hassan II, par exemple, parce que la société majoritaire au capital de TF1 y construisait des universités, des mosquées et des routes. C'est donc une atteinte au droit à l'information des citoyens et à la fonction de journaliste.
Faut-il rappeler que ces mêmes groupes industriels sont aussi propriétaires de magazines, de journaux quotidiens ; qu'ils sont aussi des marchands de canons, des marchands d'armes ? (Protestations sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.) Faut-il rappeler que ce sont les deux plus grands marchands d'armes – Lagardère et Dassaut – qui possèdent la majorité des titres que lisent aujourd'hui les Français ?