Toutes les démocraties ont mis au point des systèmes de garantie du pluralisme. En France, nous vivons avec une règle très imparfaite, assez rudimentaire, mais qui a le mérite d'exister et d'être, bon gré mal gré, admise par tous. Il s'agit de la règle des « trois tiers » que chacun connaît : un tiers pour l'exécutif, un tiers pour l'opposition et un tiers pour la majorité. Jusqu'à présent, le Président de la République était tenu à l'écart de ce décompte, d'une part parce que les Présidents successifs avaient toujours été relativement économes de leurs propos et de leurs apparitions, d'autre part parce qu'il était convenu que la dignité de la fonction les amenait à se situer plus en arbitres au-dessus des partis ou en figures du rassemblement national que comme acteurs politiques à part entière. Ces temps sont révolus. L'actuel Président a délibérément choisi l'hyper-exposition, appliquant une stratégie de saturation de l'espace médiatique. Quant à la dignité de la fonction, elle s'est abîmée quelque part entre Le Guilvinec et Disneyland ! (Rires sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche. – Murmures sur les bancs du groupe de l'Union pour un mouvement populaire.)