Madame la présidente, madame la ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi, monsieur le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, mes chers collègues, comme chaque année, la discussion du projet de loi de finances commence par la défense, de la part de l'opposition, de motions de procédure. Et, comme chaque année, j'interviens, au nom de mes collègues Verts pour défendre une question préalable. Je reconnais volontiers que l'exercice est un peu formel – comme en témoigne la faible affluence dans notre hémicycle – et que de telles motions ne sont souvent que des prétextes pour disposer d'un temps de parole et défendre nos idées.
Je crois néanmoins pouvoir dire que, cette année, la question préalable est bel et bien fondée. Non qu'il n'y ait pas lieu, bien entendu, de débattre d'un projet de budget, mais on peut dire sérieusement qu'il n'y a vraiment pas lieu de débattre de ce projet-ci. Cette année, l'examen du budget prend en effet une tout autre dimension en raison de la crise économique et financière que nous traversons, crise qui bouleverse les agendas, qui multiplie les annonces contradictoires, les reprises et les rechutes sur les places boursières, crise qui fait tournoyer les milliards jusqu'au vertige, y compris dans ce que vote notre assemblée.
On aurait pu s'attendre à ce que cette crise, malheureusement prévisible à défaut d'avoir été anticipée par le Gouvernement, donne lieu, madame la ministre, à une remise en cause profonde de votre politique économique, et ce tant sur le volet recettes que sur le volet dépenses. Aurait-il été impensable que le Gouvernement prenne le temps de mettre tout le monde autour de la table, les responsables politiques bien sûr, mais aussi les représentants des entrepreneurs comme ceux des salariés ?
Le Premier ministre a affirmé un temps qu'il souhaitait une sorte d'union nationale. Je vous le dis franchement : pourquoi pas ? Pourquoi pas, en pareille circonstance, sortir du classique affrontement entre droite et gauche ?