Or cet article fait du Président de la République en exercice quelqu'un d'exceptionnel, au sens constitutionnel. Exceptionnel par ses qualités, bien sûr, mais avant tout par sa fonction, car le Président incarne l'intégrité du territoire, la continuité de la République, l'unité de la Nation. Dès lors, comment pourrait-on décompter son temps de parole ? Que l'on soit un défenseur inconditionnel de la Ve République, ou que l'on en fasse la critique tout en reconnaissant un certain nombre de ses fondements, comment peut-on traiter ainsi quelqu'un qui, après avoir obtenu 21 millions de voix, incarne, au-delà des clivages, l'ensemble de la Nation ? Cette façon de classer le Président de la République dans un camp conduit à affaiblir la fonction. Bien sûr, au moment de son élection, il appartient à un camp. François Mitterrand n'a jamais dit, une fois élu, qu'il n'était plus socialiste. Mais, lorsque le Président est à l'étranger, lorsqu'il reçoit l'ensemble des syndicats, lorsqu'il consulte tous les partis politiques, il incarne l'ensemble de la Nation.