Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le rapporteur, chers collègues, ils sont nombreux ces jeunes de dix-huit-vingt ans – j'en ai fait partie – qui voulaient être médecins, pharmaciens, chirurgiens dentistes ou sages-femmes.
En juin 2008, vous l'avez dit, madame la ministre, ils étaient quelque 57 000 à se présenter et près de 45 000 ont été recalés. Pour que l'échec ne soit pas vécu par ces jeunes comme une meurtrissure, nous devons accompagner ces étudiants ainsi fragilisés. Nous devons leur offrir une possibilité de rattrapage pour revenir, aussi rapidement que possible, dans la filière de la santé, mais après avoir reçu un complément de formation dans les disciplines où ils auraient pu se montrer insuffisamment préparés.
Nous devons également les aider à s'exprimer dans les domaines nouveaux ou ils se trouveraient en meilleure adéquation avec leur propre talent et où, par voie de conséquence, le succès serait mieux assuré.
C'est notamment à ce rendez-vous d'orientation, conforté ou infléchi, que cette proposition de loi nous invite.
Jusqu'à présent, rien n'avait été tenté, ou presque rien, dans ce domaine, et l'accès des jeunes aux études de santé s'apparente à un véritable parcours du combattant pour initiés, au moment même où l'on met en place en Europe, à la suite des accords de Bologne, le principe de formations par unités d'enseignement semestrialisées, préfigurant la généralisation du système licence-master-doctorat.
Quels sont les objectifs de cette réforme ?
Tout d'abord, elle vise à permettre aux étudiants de véritablement choisir la filière qui leur convient le mieux, pharmacie, odontologie, sage-femme ou médecine, donc à éviter ce à quoi ils sont soumis aujourd'hui : le choix par défaut.
Ensuite, elle tend à développer une culture commune aux différents professionnels de santé.
Sur ce point, j'ai entendu les inquiétudes de mes collègues enseignants chercheurs des UFR de pharmacie ou de mes collègues étudiants en pharmacie. Je pense que le bénéfice que les pharmaciens peuvent en attendre est à la hauteur de leur apport.
En pratiquant de la sorte, nous ajoutons une touche supplémentaire à la palette d'intervention dans le domaine des soins telle qu'elle est aujourd'hui assurée par les pharmaciens. On connaît leur rôle dans les officines, dans les laboratoires d'analyse ou de recherche, mais moins celui qui concerne leur présence dans l'équipe soignante, notamment pour la gouvernance des thérapeutiques. Un centre de soins ne peut pas concevoir une thérapeutique lourde ou structurée sans un pharmacien.
Par ailleurs, cette proposition de loi va permettre un rapprochement et établir des liens encore plus étroits entre les disciplines fondamentales et les disciplines cliniques, qui devront établir ensemble les programmes et l'enseignement des différentes unités d'enseignement.
Une question demeure tout de même : quid des professions paramédicales, plus particulièrement des masseurs kinésithérapeutes ? Actuellement, par convention, dans certaines facultés, les étudiants qui se destinent à ce métier font une première année d'études médicales commune. En sera-t-il encore ainsi ? Je crois, madame la ministre, que vous avez répondu à cette inquiétude.
Enfin, je tiens à vous faire part de ma satisfaction de voir repousser cette réforme d'une année, Cette année supplémentaire va permettre aux différentes UFR de santé, notamment celles de province, de préparer ces changements sereinement, aussi bien sur le plan matériel que sur le plan pédagogique, afin de mettre tout en oeuvre pour que la qualité et le niveau d'excellence soient au rendez-vous.
Pour conclure, je souligne que cette réforme obligera à un accompagnement systématisé des étudiants en situation d'échec en leur évitant de se fourvoyer dans des impasses qui confinent parfois au gâchis, sur le plan tant individuel que collectif. Pour toutes ces raisons, je voterai ce texte. (Applaudissements sur les bancs des groupes UMP et NC.)