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Intervention de Jacqueline Fraysse

Réunion du 22 juin 2009 à 21h30
Création d'une première année commune aux études de santé — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacqueline Fraysse :

Du fait de l'augmentation prévue des frais d'inscription, conséquence de la loi LRU, la question n'est pas anodine. Ce sont autant de questions qui restent aujourd'hui sans réponse.

J'avais également émis quelques doutes sur les passerelles permettant d'intégrer les études de médecine en cours de cursus. Vous introduisez cette disposition au prétexte d'ouvrir ces études à des vocations tardives, à des profils plus humanistes, moins scientifiques, et, même, prétendez-vous, à des jeunes issus de milieux défavorisés qui, au sortir du bac, ne se sentaient pas les épaules assez solides pour entamer des études de médecine. C'est, bien sûr, une préoccupation juste et que, là encore, nous pouvons partager. Mais la réponse traite vraiment le problème par le petit bout de la lorgnette, si je puis me permettre cette expression. La première année de médecine est conçue d'abord pour éliminer les étudiants, telle est la vraie question. C'est la raison pour laquelle les matières scientifiques, notamment la physique, ont une telle importance et c'est également pourquoi les sciences humaines, la philosophie, la littérature et l'éthique n'y ont pas leur place.

Mesurons bien qu'il s'agit non pas de sélectionner des vocations, mais d'écrémer, d'écarter des étudiants jugés trop nombreux. Dans ce domaine aussi, la démarche comptable fait décidément beaucoup de ravages !

J'ajoute que le dispositif proposé est profondément injuste, puisqu'il permet à quelques heureux élus – élus par qui, sur quels critères ? Là aussi la question demeure entière – de contourner l'obstacle des matières scientifiques que tant d'autres étudiants n'auront pas pu surmonter en dépit de beaucoup de travail et le plus souvent un haut niveau, puisque nombre d'entre eux ne sont pas admis bien qu'ayant obtenu des notes très au-dessus de la moyenne. Il serait pourtant simple de corriger cette difficulté en ajoutant d'autres disciplines et en modifiant les coefficients appliqués aux matières scientifiques. Mais vous vous y refusez et vous introduisez une injustice en tentant de nous faire croire que l'on humanisera le corps médical avec l'entrée d'une poignée d'étudiants ayant ce profil.

Vous prétendez, de plus, accompagner les étudiants au cours de leur cursus, mais rien n'est précisé dans ce texte sur l'organisation du tutorat qui permettrait, pourtant, de lutter contre l'échec et d'ouvrir aux catégories populaires des professions médicales accueillant aujourd'hui essentiellement des jeunes issus de milieux favorisés. Vous le savez, en l'absence d'un tutorat véritablement organisé et disposant de moyens suffisants, les étudiants qui réussissent sont avant tout ceux qui peuvent se payer des cours privés.

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