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Intervention de Dominique Orliac

Réunion du 22 juin 2009 à 21h30
Création d'une première année commune aux études de santé — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Orliac :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, cette proposition de loi que nous examinons en deuxième lecture tient surtout de la fausse bonne idée, comme je l'ai déjà dit ici même en première lecture. À première vue, quoi de plus naturel que de regrouper dans une première année commune les étudiants de médecine et de pharmacie ? Mais, au motif de résoudre un problème indéniable, celui d'un taux d'échec très élevé à l'issue de la première année, je crains que ce texte ne crée de nouvelles difficultés et n'ajoute de l'injustice en accentuant une sélection sociale déjà très forte, comme l'a dit Mme Fraysse.

Aujourd'hui, nul ne conteste que le taux d'échec en première année de médecine, de l'ordre de 80 %, est un « gâchis humain » considérable contre lequel il convient de lutter. Partant de ce constat, nous sommes unanimes pour dire qu'il faut agir et proposer des solutions pertinentes, tant la déception est grande pour ces trop nombreux recalés qui, pour la plupart, sont de très bons élèves.

Que propose le texte, après son retour du Sénat ? II instaure une première année commune aux filières de médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie. Il prévoit également une réorientation des étudiants les plus à la peine vers d'autres filières dès la fin du premier semestre et au terme de la première année. Mais vers quels débouchés, en réalité ?

Enfin, ce texte crée des « passerelles entrantes » pour des étudiants titulaires de masters et doctorats, afin de diversifier les profils.

En premier lieu, sur l'utilité d'un enseignement commun dès la première année, je suis très réservée, car cela me paraît largement prématuré. Des enseignements communs seraient plus pertinents et plus utiles pour les étudiants à partir d'années ultérieures, quand développer des échanges, des contacts et des relations entre futurs professionnels spécialisés se révèle profitable et enrichissant pour tous.

De plus, cette première année commune ne va pas sans poser des problèmes matériels et pratiques : ainsi, les étudiants en pharmacie bénéficient aujourd'hui de travaux dirigés regroupant vingt à trente élèves par groupe, alors qu'après l'adoption de ce texte, ils se retrouveront entre 200 et 250. Si aujourd'hui 30 % des enseignements de pharmacie se font en travaux dirigés, ils ne seront plus que 10 % au mieux si cette proposition de loi est adoptée. On comprend mieux alors l'inquiétude des étudiants en pharmacie. Pourquoi modifier et affaiblir des filières qui ne s'en sortent pas si mal ?

Sur cette première année commune, la question se pose toujours. Aussi, je vous la pose à nouveau, madame la ministre : pourquoi laisser de côté d'autres professions de santé comme, notamment, les masseurs-kinésithérapeutes et les infirmières ?

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